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vendredi 9 avril 2010

On parle tous football: "y a péno!"

Cher ami supporter novice, cela fait quelques mois que je ne m'étais point adressé à vous. Victime d'un oubli, je vous ai laissé seuls dans ce milieu hostile qu'est la tribune d'un stade de football. Jadis profane, vous avez survécu jusqu'à ce jour d'avril 2010 et je vous en félicite.

Après un examen minutieux des leçons dispensées par le passé, je me suis rendu compte que j'avais omis de vous expliquer comment se comporter dans 2 phases de jeu capitales, que dis-je, cruciales du football globalisé: le penalty et l'absence de penalty. Après ces mois d'errance, j'espère malgré tout que vous connaissez les protagonistes centraux: l'arbitre et ses assistants.
A vos stylos bande de moules comme le dirait si bien Monsieur Mégot dans le Petit Spirou.

1) Mise en situation.

La scène se passe au mois de janvier, peu après la reprise du championnat. Encore sous le coup des agapes de fin d'année, les joueurs de votre équipe favorite se traînent lamentablement sur le pré visiblement encore ballonnés (ce jeu de mots ainsi que les suivants vous sont offerts par choa-garra-charrua inc.) par la dinde et la bûche s'apprêtent à quitter le terrain sur un sale 0-0 des familles. Inutile de préciser qu'à 40€ la place,vous l'avez légèrement en traviole. Soudain, à quelques secondes du coup de sifflet final fatidique et alors même que vous vous apprêtiez à porter vos doigts à votre bouche afin de huer ses incapables payés à coups de millions, le demi-défensif, via une ouverture plein axe lance l'attaquant. Le stade retient son souffle; le face-à-face est inévitable; le sort du match se joue maintenant dans ces ultimes moments. Hésitant entre la frappe en force, le petit piqué et le dribble, l'attaquant s'emmêle (Gibson) les crayons, heurte le gardien et s'effondre le blaire et les ratiches dans le gazon. Le tout dans la surface de réparation. A cet instant très précis, tous les regards se projètent vers l'arbitre du centre qui ne moufte pas. D'un mouvement latéral, les milliers de paires d'yeux fixent désormais l'arbitre- assistant qui ne daigne lever son drapeau bicolore.

2) Que faire dans un tel cas?

Alors que jusqu'à présent, vous vous ennuyiez du fuego de Dios, voilà qu'en quelques secondes, vous avez été le témoin d'un événement historique. L'injustice manifeste dont votre équipe vient d'être la victime vous fait serrer les poings. Si votre dégoût est vraiment trop profond, vous pouvez cracher sur le béton froid. Cependant, veillez bien à ne pas surjouer ou vous passeriez pour un Footix de bas étage. Attention également à ne pas crier "corner" ou "touche" car dans cette situation, vous deviendriez indéfendable.
Poings serrés, vengeurs et rageurs, lâchez votre haine du corps arbitral par un tonitruant "y a péno!!!". Si vous avez bien suivi auparavant les leçons que je vous ai dispensé, vous pouvez créer votre propre combo. Exemples: "putain mais y a péno là", "mais c'est pas possible y a péno là". Puis, excédé par cette décision, faites une réprimande au corps arbitral victime de cécité comme toujours avec votre club. Une allusion à ses orientations sexuelles est envisageable également. Assaisonnez à votre goût avec une insulte à la Ligue dans sa globalité, à Frédéric Thiriez et sa moustache et/ou à Jean-Michel Aulas (sauf si vous êtes Lyonnais cela va sans dire mais je le dis).

Quoi qu'il arrive et cela même si l'attaquant s'est vautré tout seul comme un grand dans la verte pelouse, ne vous départez JAMAIS de votre mauvaise foi. C'est une armure. Plus vous êtes de mauvaise foi, plus vous êtes crédible auprès de votre auditoire. C'est un outil indispensable pour paraître un véritable supporter. Je pourrais vous conseiller de vous méfiez à ne point trop en faire mais, dans la mesure où Pierre Ménès en fera des caisses au CFC sur l'introduction de la vidéo et que toutes les radios en parleront toute la semaine (pour cela, il faut que vous supportiez une grosse écurie; sinon, on s'en fout royalement), vous ne courez aucun risque d'agacement de l'auditoire.

Enfin, il est fort à propos de préciser qu'une telle phase de jeu sauve l'équipe et l'entraîneur du match calamiteux livré sous yeux. En effet, la majorité des supporters se focalisera sur ce coup de sifflet qui n'a pas été donné et non sur l'indigence de la prestation globale. Dans la mesure où il est toujours préférable voire salutaire de rejeter ses propres défaillances sur son prochain, cette non-intervention est du pain béni pour votre équipe qui pourra travailler à l'abri des reproches pendant la semaine. Si c'est pas beau ça?!

En totale autonomie depuis 4 mois, je m'aperçois avec joie que vous vous débrouillez de mieux en mieux dans ce milieu semé d'embuches. Une fois assimilée, cette leçon vous sera, à n'en point douter, d'un secours quasi-hebdomadaire surtout les soirs de défaites. Continuez à pratiquer assidument et vous deviendrez bilingue. Ne relâchez pas vos efforts et vous pourrez un jour, peut-être, contester l'autorité de Jean-Marc Ferreri sur le marché de la mauvaise foi en milieu footballistique.

Choa d'Arelate

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