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mercredi 28 avril 2010

Mourinho ferme le Pep-show

"Non mollare mai!". Ne jamais renoncer. La devise du FC Internazionale n'a jamais été aussi pertinente pour qualifier le collectif nerazzurro. Jouée dans le plus style catennacio si caractéristique des grandes heures du club lombard, cette demi-finale retour de Champion's a été fatale au Barça qui n'a pu combler que la moitié de son retard accumulé la semaine passée à Giuseppe-Meazza. Grâce à un sens du sacrifice paroxysmique, les hommes du Special One Mourinho ont terrassé les tenants du titre dans son antre du Camp Nou.

Après avoir perdu le match aller 3-1, les Culés devaient l'emporter avec 2 buts d'écart. De son côté et fort de l'avantage acquis à Milan, la tactique nerrazurra est simple et tient en trois points: défendre, défendre et, si tout se passe comme prévu, défendre.

"Die Meister, die Besten, les grandes équipes, the Champions!". L'hymne de la Champion's retentit, les deux équipes entrent sur la pelouse, c'est tendu, on va avoir droit à du foot, pas comme hier soir.

José Mourinho aligne la même équipe qu'à l'aller, à l'exception de Chivu qui remplace Pandev blessé à l'échauffement: Julio César- Maicon, Lucio, Samuel, Zanetti- Cambiasso, Thiago Motta, Chivu- Eto'o, Sneider, Milito.
En revanche, Pep Guardiola innove avec une équipe inédite. Innover est un bien grand mot. En fait, il doit composer avec la suspension de Puyol, les blessures d'Iniesta et Abidal également blessé à l'échauffement: Valdés- Alves, Milito, Piqué, Keita- Busquets, Xavi, Touré Yaya- Pedro, Messi, Ibrahimovic.

Comme prévu, le Barça prend le contrôle de la balle et des opérations. Comme à l'accoutumée, les passes doublent et redoublent. Tout cela est bien gentil, mais l'Inter bloque parfaitement toutes les velléités offensives blaugrana. Le 4-3-3 mis en place par le Mou mute très rapidement en 4-5-1. Chivu met la pression sur le tandem Xavi-Messi, bien aidé par Cambiasso et Thiago Motta. A dire vrai, on s'ennuie légèrement, le Barça étant incapable de créer du décalage dans le quadrillage milanais.

Très vite averti, Thiago Motta décide d'aller voir en tribune si le spectacle vaut le coup. En effet, afin d'empêcher Busquets de lui contester le ballon, l'ancien Barcelonnais colle lui une targette en aveugle. Trop heureux, Busquets se roule parterre et pleure sa maman avec des larmes de crocodile Lacoste. C'est que Sergio est milieu de terrain et qu'il a vu Mark Van Bommel hier soir. Si le Catalan n'arrivera jamais à la cheville du Batave niveau vice (et niveau technique soit dit en passant), il a assez de talent tragique pour que l'arbitre belge inflige un carton rouge direct à l'Intériste.

La mi-temps arrive et les Culés n'ont pas tenté grand' chose, mis à part la frappe du gauche estampillée "La Pulga inc." à la demi-heure de jeu et bien repoussée par Julio Cesar.
Si, sur la pelouse, les occasions de s'enflammer ont été plutôt rares voire inexistantes, il n'en a pas été de même du côté de la zone technique. Alors que Pep distille des conseils au Zlatan a.k.a le Pirouli de Malmö, Mourinho se colle au Mister catalan afin d'entendre la discussion puis lui adresse quelques mots. Oui, le Portugais est bouillant comme un volcan islandais et ce n'est qu'un début.

A la pause, Guardiola lance l'ancien Nerazzurro Maxwell dans l'arène à la place de Gabi Milito pour donner davantage de vitesse sur les ailes et aussi, un peu, parce que deux sosies de Francescoli sur la pelouse ça fait pas sérieux.
De toute façon, en l'état actuel des choses, les facultés défensives des arrières centraux ont autant d'intérêt qu'une réunion du P.S. pour l'écriture d'un programme politique en vue de la présidentielle de 2012.

Le Barça se rue à l'attaque mais ne parvient à se dépêtrer du marquage bleu et blanc. Les 21 joueurs jouent dans la moitié de terrain intériste. Tout seul dans sa surface, Valdés se sent seul comme un capitaliste à la fête de l'Huma.
Bien qu'à 10, l'Inter aspire encore mieux les Blaugranas. Les coéquipiers de Xavi foncent dans le mur lombard, recule, accélère pour s'y empaler. Trop nombreux à attaquer, ils n'arrivent pas à s'organiser. La rentrée de Maxwell n'a aucun effet.

Mourinho n'est pas un dégonflé. Même si son équipe est en infériorité numérique, il n'effectue aucun changement avant la 65ème minute. Et quand Sneijder laisse sa place, le nouvel entrant Muntari le remplace poste pour poste. Avis aux spectateurs du Camp Nou, le Mou sort ses bollocks et les met sur la table.

Pep, toujours en quête de vitesse, dégage Ibracadabof au profit de Bojan. Dans la foulée, Molière Busquets est remplacé par Jeffren. Le Barça a peut-être les meilleures individualités dans son équipe-type mais on est doit se rendre à l'évidence: son banc est ignoble.
Les systèmes tactiques volent en éclats: l'Inter joue en 9-0 quand le Barça évolue en 0-10.

Sur un éclair de Messi, Bojan est à la hauteur de sa réputation et foire une tête plus facile à cadrer qu'à mettre à côté. Pourtant celle-là, Bojan la met contre Tenerife et Valladolid. Si c'est dedans c'est pareil aurait dit Thierry Roland. Sauf que ça fait toujours 0-0 et que ça sent sérieusement le pâté pour le champion en titre.

Mais à la 83ème minute, alors que tous les espoirs semblaient s'être envolés, Piqué ouvre la marque d'un geste de pur attaquant. En position Inzaghi-esque, le défenseur culé réalise un geste plein de grinta afin d'enrhumer Cordoba et Julio Cesar avant de frapper dans les cages vides. Il reste 10 minutes à jouer, le Camp Nou éructe, bout, scande des "Barça Barça". Les bois de l'Empereur César deviennent Fort Alamo.

Xavi Hernandez allume la mèche puis Leo Messi une nouvelle fois bien discret. Mais à chaque fois, le portier brésilien fait le taf. Et quand Bojan fait trembler les filets, le but est annulé pour une main de Touré Yaya. Le remake de Stamford Bridge n'aura pas lieu. L'Inter se qualifie pour sa première finale de C1 depuis... 1972.

Au coup de sifflet final, le banc nerazzurro explose de joie. Mourinho tape un sprint, les deux index en direction de la tribune présidentielle. Alors, c'est qui le patron?
Le Portugais a une nouvelle démontré qu'il est bien le meilleur pour faire déjouer l'adversaire. Après avoir réussi un match aller quasi-parfait et à la manière d'Helenio Herrera -illustre aîné qui remporta les 2 seules C1 de l'histoire de l'Inter en 1964 et 1965- le Mou a remis au goût du jour les vertus du catennacio.
Ce n'était peut-être pas spectaculaire mais le football ne se résume pas toujours à des retournés, des frappes en lucarne et du toque.

Le sens du sacrifice et de la solidarité des joueurs de l'Inter ont eu raison du jeu catalan. L'intelligence tactique de Mourinho a triomphé de Barcelonnais finalement trop prévisibles. Dans l'écrin du Camp Nou, celui que les Culés surnomment avec condescendance "le traducteur" s'est bien fait comprendre et brise le rêve de Blaugranas qui se voyaient déjà entrain de soulever la Champion's à Santiago-Bernabeu.

Francesco della Nuejouls

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