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dimanche 18 avril 2010

Ranieri dévore la Lazio

46ème minute du derby le plus bouillant d'Europe. La Lazio mène 1 à 0 face à la Roma. Stupéfaction au Stadio Olimpico. Insatisfait du rendement de Francesco Totti, monument historique de la Louve et de Daniele De Rossi son fils héritier, Claudio Ranieri décide de faire entre le Brésilien Taddéi et le Français Ménez. Bien que natif de Rome et Romanista acharné, le Mister prend un risque inconsidéré vu l'enjeu de la partie mais la conquête de Scudetto est à ce prix. Si Ranieri se loupe, il s'offre un voyage en 1ère classe sur la Roche Tarpéienne.

Ce derby romain avait une saveur encore plus particulière cette année. D'un côté, la Roma est au coude à coude avec l'Internazionale pour le titre et de l'autre, la Lazio la plus faible depuis une bonne décennie lutte pour ne pas descendre en Serie B. Inutile de préciser que l'ambiance est électrique, irrespirable.

Bien qu'alignant l'équipe la plus faible depuis une bonne quinzaine d'années, la Lazio tire la première dès le quart d'heure de jeu. Sur une ouverture de Ledesma, Tommaso Rocchi banane la défense giallorossa et s'en va battre Julio Sergio de l'intérieur du droit. Si le jeu est aux abonnés absents cette saison, les Laziale n'oublient pas les bases de leurs glorieux anciens des Seventies. Comprendre: de l'engagement et du taquet. Cependant, ce sont les Loups qui envoient le bois (3 cartons jaunes contre 1) et disparaissent de la circulation.

Le deuxième acte débute donc avec ce coup de poker de Ranieri. Si son coup réussit, il a droit à une statue sur le Capitole; si ça foire, on oser à peine imaginer la bronca.
2 minutes après la reprise, force est de constater qu'on est plus proche du tollé que la haie d'honneur. En effet, Cassetti, héros du match aller, fauche Kolarov dans la surface. Floccari défie Julio Sergio. Le portier brésilien sort la parade de sa vie et relance les Giallorossi. Pour donner un ordre d'idée sur l'exploit réalisé, un commentateur romain a hurlé de joie " c'est la main de Dieu qui s'est abattue sur le Stade Olympique!". Le match vient de basculer.

A la 53ème minute, Taddéi est fauché à son tour dans la surface par... Kolarov. Vucinic transforme en face du virage rouge et jaune. La victoire ne peut plus échapper à la Louve.

Totalement inhibée en première mi-temps, à l'image d'un De Rossi une nouvelle fois transparent lors du derby, la Roma submerge les Biancocelesti. La rentrée de Ménez est extrêmement bénéfique. Sa rapidité fait merveille tant sur les côtés que dans l'axe. Pour preuve, il provoque un coup franc à l'entrée de la surface. Mirko Vucinic se charge de la sentence. D'une mine imparable sous la barre, il cloue littéralement le gardien laziale sur place qui peut remercier son mur de s'être complètement délité au moment de la frappe du Monténégrin. Ranieri a réussi son pari et la Roma retrouve la tête du championnat.

Au moment du coup de sifflet final, le terrain se transforme en ring de boxe. Ledesma s'en sort le moins bien et est expulsé par l'arbitre. Cela met un terme à un derby rugueux, où les tensions, ajoutées aux enjeux mathématiques, ont créés une ambiance délétère. Un vrai derby dans les règles de l'art.

Le coup réalisé par Claudio Ranieri le classe définitivement dans les entraîneurs d'exception, de ceux qui provoquent la chance en prenant le risque de se passer de ses institutions. Après l'avoir licencié sans ménagement (pour rester poli), les décideurs de la Juventus doivent s'en mordre les doigts...

Un dicton en Italie affirme que quand la Roma remporte un Scudetto, elle méritait d'en gagner 3 avant. Ce serait vraiment injuste, vu les aléas connus cette saison par les Giallorossi, que le Scudetto échappe à la Louve.

Francesco della Nuejouls

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