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jeudi 22 avril 2010

Les Lyonnais indignes d'un tel événement

Tous les ingrédients étaient réunis pour réaliser l'exploit et ils se sont lamentablement plantés. Pour la première demi-finale de Champion's de leur histoire, les Lyonnais sont complètement passés au travers de leur match sur la pelouse du Bayern Munchen. Alors que les faits de jeu étaient totalement à leur avantage, les hommes de Claude Puel ont irrémédiablement sombré en seconde mi-temps. Autopsie d'un échec.

Huit ans que les Bavarois n'avaient pas été dans le dernier carré de la Coupe aux Grands Oreilles. Alors l'Allianz Arena met les petits plats dans les grands avec un Kolossal tifo à 360°. Le ton est donné: les Munichois ne veulent pas laisser la chance inespérée d'aller au Santi Bernabeu le mois prochain. Inespérée car, faut pas se leurrer, en comparaison avec l'Inter-Barça de la veille, ce Bayern-OL ne sera pas du même acabit. Bon, ben, on s'est pas gouré.

Le Bayern aligne une équipe qui fait froid dans le dos pour une demi-finale de C1: Butt- Contento, Van Buyten, Demichelis, Lahm- Pranjic, Schweini, Ribéry, Robben- Olic, Müller.
De l'autre côté, c'est pas flambant non plus, jugez plutôt: Lloris- Réveillère,Cris, Toulalan, Cissokho- Gonalons, Pjanic, Källström, Delgado, Ederson- Lisandro.

Evidemment, tous les projos sont braqués sur Ribéry pris la main dans le pot de confiture par la Brigade de Répression du Proxénétisme. Le très mesuré quotidien Bild a annoncé la couleur dans ses colonnes: 'Ti Franck joue le match le plus important de sa carrière. Traduction: si le Bayern loupe la marche, ce sera tout pour la pomme du Français.

Victime de la comparaison avec l'affrontement de la veille à Giuseppe Meazza, ce match ennuie passablement. Moins d'intensité, moins de technique, moins de rythme. On arrive à se demander comment Bavarois et Rhodaniens ont bien pu se retrouver à ce niveau de la compétition et comment ont-il pu gicler Manchester United et le Real Madrid.

Ainsi, mis à part une frappe non cadrée de Ribéry et un assassinat de tortues volantes d'Olic, rien de bien folichon. Les Lyonnais jouent trop bas, laissent le cuir aux Teutons et pataugent pour trouver Chelito Delgado et Lisandro qui passent le plus clair de leur temps à cavaler pour gêner la relance adverse. Du Puel pur sucre.

Enfin arrive la 37ème minute. Après avoir poussé le ballon trop loin, Ribéry, peut-être victime de son élan mais sûrement victime de la pression étouffante qui l'entoure depuis quelques jours, enfonce ses crampons dans la cheville de Lisandro. L'Albiceleste peut s'estimer heureux de ne s'en sortir qu'avec un coup d'éponge magique car, si son pied était resté bloqué dans la pelouse, nul doute qu'il aurait fini la soirée dans un bloc opératoire. Roberto Rossetti, le référé italien, n'hésite pas et dégaine le carton rouge.
A ce moment précis, on compatit pour le natif de Boulogne-sur-Flotte car, en plus de devoir affronter sa famille, il va subir les foudres de media moralisateurs pendant un bail qui pourraient faire basculer le reste de sa carrière, à commencer par le Mondial.

Manifestement, les Dieux du Foot sont avec les Lyonnais ce soir. Jouer à 11 contre 10 dans un tel contexte, c'est du pain béni. Källström le comprend immédiatement et expédie une ogive de 40 mètres en direction de la lucarne teutone mais Butt sort le missile sol-air d'une parade main gauche.
Dans la foulée, le repos est sifflé avec la certitude que les Lyonnais martyriseront les Bavarois pendant les 45 dernières minutes.

Historiquement, seuls les Verts de Sainté ont réussi à éliminer le Bayern en confrontation aller-retour. C'était en 1969 année érotique. Une éternité en somme. Bien conscient du poids de l'Histoire, les Lyonnais vont s'appliquer à faire respecter le dicton qui veut que, selon Gary Lineker,les Allemands gagnent toujours à la fin.

Pour parvenir à leurs fins, les Aulas boys déjouent, reculent, s'empêtre dans leurs 30 derniers mètres. A 10 contre 11, c'est le Bayern qui fait courir Lyon. Davantage qu'un comble, une hérésie! Et à ce jeu-là, c'est Toulalan qui dégoupille le premier. Le pompier officiel de Puel et Domenech réussit le tour de force de prendre 2 cartons jaunes en moins de 5 minutes. Et voilà comment, à la 55ème minute, les deux équipes se retrouvent à égalité numérique. L'Histoire se répète à la différence près qu'on parlera cette fois des pieds carrés plutôt que des poteaux...

Contraint de muscler son midfield et de rebâtir une charnière centrale, Puel fait entrer successivement Makoun et Bastos. L'effet sur ses troupes est nul. C'est bien simple, le Camerounais et le Brésilien ferait de la peine à Balottelli tant leur manque d'implication est criant. Les Lyonnais sombrent malgré les efforts de Delgado et Lisandro qui finirent le match plus que cramé aussi bien physiquement que moralement, le duo n'ayant pu se procurer un seul ballon exploitable dans les phases offensives.

Sur le côté droit, Robben fait l'amour à Cissokho chaque fois qu'il touche la balle. Pourtant, le Batave est loin d'être virevoltant. A défaut de réinventer le football, il s'applique à jouer et rejouer sa partition intitulée "je prends la gonfle sur le côté, je repique au centre et je frappe".
A la 69ème minute, le bon Arjen (merci Quentin pour la vanne) envoie une praline des 30 mètres. L'effet du ballon, ajouté à la légère déviation de Müller (tiens! il est encore sur le terrain lui!) seront fatals à Lloris qui ne put compenser le pas de côté effectué une seconde avant.

En dehors d'un face-à-face Robben/Lloris remporté par Hugo Délire à la 84ème, la crise d'énervement du même Robben au moment de sa sortie envers Van Gaal et son double menton (près de Nice) et une frappe de Govou dans les arrêts de jeu, ce fut à peu près tout pour les dernières minutes.

Au terme du match aller, le Bayern réalise le gros coup puisqu'il a scoré sans encaisser de pion à la maison. Les media français pourront toujours penser que ce n'est pas rédhibitoire, ils oublient un peu vite qu'ils s'étaient enflammés sur la victoire...1-0 de l'OL face au Dollar Madrid à l'aller à Gerland.
Pour le match retour, Claude Puel n'a plus le choix. Il doit forcer sa nature et jouer offensif tout en conservant un système suffisamment solide pour ne pas encaisser le fameux but à l'extérieur qui condamnerait de manière quasi-certaine ses joueurs.

Avant la partie, les observateurs affirmaient que la défense du Bayern était pourlingue et que Lyon n'aurait pas de difficultés pour marquer à l'Allianz Arena. Encore fallait-il attaquer et donner des solutions à Lisandro. Par ailleurs, si Lyon est encore en vie et ne compte qu'un seul but de retard, elle le doit en grande partie au Policier Cris, une nouvelle fois énormissime. Totalement dépassé la saison dernière ainsi qu'en début d'exercice, le Brésilien a trouvé un second souffle cette année et il est tout simplement impressionnant.

Hier soir, les Lyonnais ont hypothéqué une grande partie de leurs chances pour accéder à la finale. S'ils veulent connaître les honneurs d'un tel rendez-vous, ils devront se mettre à la hauteur de l'événement et ne pas calculer comme de vulgaires épiciers du football.

Choa d'Arelate

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