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mardi 16 mars 2010

José Mourinho ne perd jamais

Dans les histoires d'amour, il y a toujours un gagnant et un perdant. Les séparations d'un "commun accord", en vérité, n'ont jamais existé. Trois ans après s'être fait viré de Chelsea, José "The Special One" Mourinho retrouvait son ex à Stamford Bridge avec, comme toile de fond, un huitième de finale retour de Champion's. L'endroit parfait pour des retrouvailles en somme.

Après avoir remporté le match aller à Giuseppe Meazza 2-1, notamment par des contres réalistes, l'Internazionale n'avait besoin que d'un match nul pour se qualifier. Fingers in the nose pour des Ritals, spécialiste du catenaccio et de truqueries en tous genres car tout le monde sait que les Italiens ont la triche dans le sang. Cependant, l'Inter a beau jouer à Milan, il n'en demeure pas moins que c'est l'équipe la moins italienne de Serie A. Sur la feuille de match, on ne recensait qu'un seul représentant de la Botte, le Poète baudelairien Marco Materrazzi.
Depuis 2006, le club le plus détesté d'Italie n'avait pas goûté aux joies d'un quart de finale européen. Pis, le dernier trophée d'envergure européenne fut remporté en 1998 en coupe de l'UEFA par la bande des Ronaldo, Zamorano, Djorkaeff and co. Il faut dire que le président Massimo Moratti a longtemps pris un malin plaisir à recruter à prix d'or des joueurs en bois de cagette type Dalmat, Recoba, Ventola. A côté, Florentino Perez est un pale copieur.
La saison dernière, Moratti a ENFIN compris comment gagner le Saint Graal aux grandes oreilles: s'offrir les services de José Mourinho. Ce soir, pas grand monde lui donnera tort malgré la cote de détestation du Mou à son paroxysme en Italie.

Les Interistes arrivaient donc en terres anglaises avec un pion d'avance chèrement acquis à l'aller. Pour le Mou, impensable de se reposer sur ce faible écart, d'autant plus qu'une défaite 1-0 serait rédhibitoire. Alors, le Portugais envoie du gros d'emblée: 4-3-3 en phase offensive avec Cambiasso en relayeur au côté de Thiaggo Motta (pour relever la sauce), Sneijder en 10 derrière un trio d'attaquants Pandev/Eto'o/Milito. En phase défensive, Pandev et Eto'o devait presser comme des dingues en tant que premier rideau défensif.
De l'autre côté du pitch (en anglais, ça veut dire terrain, en français ça signifie brioche dégueulasse et sponsor ignoble), Ancelotti alignait une équipe rafistolée avec Turnbull, gardien titulaire... de l'équipe réserve, dans les bois, Zhirkov à droite en remplacement d'Ashley Cole, Alex Costa se substituait à Ricardo Carvalho, Mikel Obi était au milieu associé à Ballack pour la touche poésie.

Les amateurs de football technique, d'attaques léchées, de toque avec des redoublements de passes ont certainement dû passer un sale moment sauf à part quelques fugaces instants. Car les maîtres mots de la partie étaient combat, intensité et tacles à la gorge.
Pendant la première demi-heure, le combat fut intense et les occasions franches fort rares. On retiendra côté Chelsea une frappe trop croisée de Ballack et un slalom de Malouda, très saignant au demeurant. Dans le dernier quart d'heure, les Blues prenaient la partie à leur compte et faisaient souffrir les Nerazzuri. Les interventions litigieuses de Samuel et Lucio dans l'axe ne furent pas étrangères au maintien d'un score de parité.

Le second acte commençait sur le même ton avec un Chelsea qui monopolisait la gonfle. Las, dès la 55ème minute, l'Internazionale prenait l'ascendant sur les troupes d'Ancelotti. L'emprise, tant physique que tactique se traduisit par des actions de but allègrement vendangées par Pandev puis par Il Principe Milito. Malgré ces ratés, Chelsea ne parvenait plus à refaire surface, englué par le tranchant des tacles d'un backfour Maicon/Samuel/Lucio/Zanetti de retour à un haut niveau. Les offensives menées par Malouda, Drogba et Anelka (vraiment inquiétant et nettement en dessous du niveau de ses coéquipiers) manquaient cruellement de précision pour espérer un dénouement heureux. Irrémédiablement, The Special One remportait la lutte tactique.

La catharsis de cette supériorité eut lieu à la 79ème minute. Sur une ouverture lumineuse de Wesley Sneijder, Samuel Eto'o parti à la limite du hors-jeu, résistait au retour d'Ivanovic et exécutait Turnbull d'un extérieur du droit. Vexé de ne pas avoir reçu son 4ème Ballon d'Or africain en lieu et place de Drogba, Eto'o, dont le sens du sacrifice et de l'abnégation défensive méritent d'être salués, répondait de la plus magnifique des façons. Le mauvais geste de l'Ivoirien sur Thiago Motta quelques instants plus tard, ne doit pas être étranger à la performance remarquable du Lion indomptable.

Les arrêts de jeu arrivaient à leur fin, la victoire était acquise et José Mourinho quitta son banc pour rejoindre les vestiaires avant le coup de sifflet final. Sans ostentation ni joie démesurée, le Mou quittait Stamford Bridge avec classe. Les séparations d'un "commun accord" n'ont jamais existé et The Special One n'est pas du genre à se faire larguer.

Francesco della Nuejouls

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