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dimanche 3 janvier 2010

Toi aussi deviens journaliste à Stade 2!

Ce premier dimanche de la décennie s'achevait mollement quand surgit du néant la rubrique foot de Stade 2. D'une platitude sans égale et avec des sujets vermoulus (parler d'Egypte/Algérie du 18 novembre 2009 le 3 janvier 2010, c'est juste n'importe quoi), il ne manquait qu'une interview exclusive d'un footeux pour bien marquer le début d'année. Coup de bol pour l'exilé en vacances que je suis, l'entretien était avec Nico Anelka. Inutile de dire qu'on ne s'ennuie pas avec le natif de Trappes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le n°39 de Chelsea n'a pas failli à sa mission.
Réputé pour ne pas avoir sa langue dans sa poche (comprendre: c'est un fouteur de merde hors pair), Nico nous a gratifié d'enfoncement de portes ouvertes dont il a le secret.

Vous vous êtes toujours demandé comment réaliser un entretien parfait avec Anelka? Choa-garra-charrua vous donne des leçons de journalisme d'investigation. Gratos en plus. Ne nous remerciez pas, bande d'ingrats!

Leçon n°1: L'enrobage du produit.

Pour les petits chanceux qui auront un jour l'immense et indescriptible bonheur d'interviewer l'international français, sachez qu'il faut TOUJOURS qualifier cet entretien d'exclusif et de rare. Ceci pourrait être formulé de telle sorte: 'Nicolas intervient rarement dans les media (c'te blague!) et l'entretien que nous avons réalisé est riche d'enseignements sur l'enfant terrible du football français. Il se livre sans concession face aux caméras de Stade 2' (vous, au moins, vous ne manquez pas d'humour!).
En règle générale, il est mal vu de mentir mais dans le cas présent, c'est pour la bonne cause. Faut bien attirer le Footix sur une chaîne de service public dont le meilleur consultant est Xavier Gravelaine...

Leçon n°2: Le montage al dente.

Depuis une dizaine d'années, Anelka vit sur un mythe persistant que les media ont allègrement alimenté: il est l'allégorie du rebelle adolescent en lutte contre l'establishment. Un rebelle milliardaire tout de même. Alors, autant se servir de cette connerie pour réaliser un montage aux petits oignons.
D'emblée, il est obligatoire de captiver l'attention du téléspectateur et ce dès la première phrase.
Mise en pratique: 'Je n'ai pas changé. C'est sûr qu'avec l'expérience, on réfléchit plus avant de parler. Je suis toujours le même'.
Je sais, c'est navrant de platitude. Votre boulot est de rendre le propos du disciple de Paulo Coelho en précepte digne des philosophes des Lumières.

Leçon n°3: Se laisser porter par le flow de Nico.

Avant de profiter des paroles saintes d'Anelka, vous devez d'abord lui dire qu'il casse la baraque avec Chelsea. En fait, c'est juste Drogba et Lampard qui le mettent en valeur mais en France, il faut TOUJOURS dire que le Frenchy de l'équipe est meilleur que les autres, même quand la défaite est cinglante (Ribéry face au Barça en Champion's, Diarra face au Barça la saison dernière).

Par esprit de contradiction, Nico vous répondra qu'il jouait mieux à Liverpool, qu'il était déjà le meilleur à Arsenal et au Real Madrid et que le PSG n'a jamais compris son talent.
Tant qu'il y est, il ajoutera que Jacquet était une buse parce que, franchement, Guivarc'h titulaire au Mondial 1998, c'était n'importe quoi; que Lemerre avait déjanté pour prendre Cissé plutôt que lui; que Santini ... ben... Santini. Pour finir, il clamera haut et fort que le seul qui ait essayé de le connaître, c'est Raymond même s'il ne l'avait pas emmené en Allemagne en 2006. Cirer les pompes du sélectionneur en poste, tu parles d'un rebelle!

Dans une telle situation, vous pourriez rétablir certaines vérités comme le fait que Guivarc'h était un excellent buteur (si si j'vous assure) en 1998, qu'à l'Euro 2000, il fut titulaire à plusieurs reprises sans jamais scorer, qu'en 2002, Cissé était le nouveau crack et qu'en 2006, il s'était fait griller par Cissé one more time puis par Sid Govou, en partie car il avait affirmé dans les journaux qu'il partait en vacances et qu'il ne voulait pas être la cinquième roue du carrosse. Sans oublier que depuis son fameux doublé à Wembley en 1999, il n'a pas fait un seul match plein sous la tunique nationale.

Arrêtons de plaisanter, repartons au travail.

Après avoir écouté ces paroles affligeantes de banalité, vous devez faire en sorte que cela passe pour de la complexité et de l'incompréhension de ce génie du ballon. Faites donc un texte pour voix off à la sauce BHL avec de la psychologie de bazar et le tour est joué: 'après des années d'incompréhension avec une partie du public, Nicolas Anelka s'est assagi. Ce n'est pas un hasard si son football est le meilleur de sa carrière. Au sommet de son art, il sera un atout majeur pour les Bleus en Afrique du Sud'.
Et voilà le travail!

Le meilleur dans tout ça, c'est qu'en plus, vous serez payé!

Francesco della Nuejouls.

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