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mercredi 27 janvier 2010

The Pessimistic hates you: la démagogie de Nicolas Sarkozy sur les salaires des joueurs de football

De lui, nous ne savons que peu de choses. Bucco-rhôdanien de naissance, il fut abandonné un soir de novembre par sa famille sur l'aire d'autoroute des Cantarelles avant sa rénovation, quelque part entre Arles et Saint-Martin-de-Crau. Recueilli par un couple de sangliers provençaux d'origine juive slovaque, il exerça ses instincts bestiaux primaires très jeune en compagnie de ses frères adoptifs marcassins dans les vastes champs de foin de sa contrée natale. Doté d'un acuité visuelle supérieurement développée et d'une ouïe extrêmement fine capable de capter RMC en modulation de fréquences, il hante les nuits des braves gens et des fidèles de Téléfoot. Combattant le turn over et les pièges du hors-jeu, il enfile la nuit venue son costume sombre comme son âme. Torturé par ses démons intérieurs et par le 4/5/1 de Pablo Correa, il fait régner le respect des tacles à la carotide, des lassérations de crampons de 16 sur terrain gras et l'anti-fair play. De lui, nous ne connaissons que son nom: The Pessimistic.
The Pessimistic n'aime personne, il vous déteste et il vous le fait savoir.

Pour sa première enflammade de la décennie, The Pessimistic se jette les deux pieds décollés sur la démagogie des propos du Président Nicolas Sarkozy sur les salaires des footballeurs lors d'une émission "politique" de TF1, la chaîne de la culture et du bon goût.

A quelques semaines des élections régionales qui feront encore croire à la "gauche" (les guillements marquent l'ironie) qu'elle a un avenir (avec Benoît Hamon, Vincent Peillon, Ségolène Royal et Arnaud Montebourg tu parles d'une blague!), le premier personnage de France s'est offert une page de publicité sur TF1. Tout d'abord, il eût droit à un entretien avec Laurence Ferrari Enzo puis un exercice de style où il dût répondre à 10 Français "d'en bas" (copyright Raffarinade inc.) qui avaient un problème à résoudre. Donc, pour résumer, le Président de la République élu au suffrage universel direct par 40 millions de Français s'est transformé, pour les besoins d'une émission de télévision en Julien Courbet époque Sans aucun doute afin de grapiller des voies. Drôle d'époque tout de même.

On le sait tous car on nous le répète tous les jours: c'est la crise. En France, on est habitué: ça fait 30 ans qu'on nous le dit. Une crise où on n'a jamais autant vendu d'iPhone, d'abonnements à CanalSat et de bagnoles. Une crise où on n'a jamais vu autant de monde dans les magasins et autres supermarchés pendant les agapes de fin d'année et pendant les soldes. A part les bas salaires, la classe ouvrière et les travailleurs pauvres contraints de pioncer dans leur voiture faute de toit, victimes rituelles en de telles périodes, la crise semble avoir bon dos pour excuser bien des comportements ignobles et faire de la spéculation populiste.

Comme c'est la crise, il faut bien trouver des cibles faciles histoire de s'indigner à bon compte. Pour les responsables politiques en perte de vitesse et dont l'ambition suprême est de voir leur nom dans un entre-filet de la page 14 du Monde ou du Figaro, les footeux sont des cibles privilégiées. Toujours prompts à s'offusquer pour pas cher, ils oublient, en raison de leur schizophrénie, que ce sont toujours eux les premiers à venir s'encanailler au stade lors de OM/PSG et autres France/Irlande et descendre dans les vestiaires les soirs de victoire devant les caméras de TV. Les mêmes qui parlaient de rejouer le barrage retour après la main de Titi des Ulis, de fair play sportif alors qu'ils ont marché dans les pires combines pour arriver au sommet de l'Etat et écrasé quiconque s'avanturant en travers de leur chemin.

En 2009, Florentino Perez revient par la grande porte à la tête du Real Madrid. Le puissant entrepreneur de BTP espagnol a de l'argent, beaucoup d'argent. Et des rêves, beaucoup de rêves. Au cours de sa première présidence, il avait fait venir dans l'escouade de la Casa blanca Figo, Zidane, Ronaldo, Owen, et Beckham. S'il avait remporté une Champion's League en 2002, la fin se termina de manière catastrophique. De retour aux affaires merengues, Florentino souhaite rebâtir une équipe faite de stars et de glamour. Nom de programme: Galacticos 2.0. Ainsi, à l'intersaison, Perez régale: Kaka, Benzema et surtout Cristiano Ronaldo arrivent dans le club le plus titré d'Europe.

Un chiffre retient l'attention en particulier: 94 millions d'euro soit le prix du transfert de Cristiano Ronaldo de Manchester United au Real Madrid. Les indignations bien pensantes se multiplient alors: indécent, honteux, scandaleux en ces temps de crise!
On ne va rien apprendre à personne: le football est une véritable économie et, par conséquent, régie par le principe de l'offre et de la demande. MU a demandé 94 millions d'euro pour lâcher le Portugais. Cela tombe bien, Perez les a ainsi que les garanties bancaires qui vont avec. La transaction opérée est légale et fut consentie aussi bien par les 2 clubs que par le joueur. S'indigner sur le montant du transfert est débile. Imaginez le discours des Mancuniens: "94 millions d'euro, par ces temps de crise, c'est beaucoup trop. Nous n'accepterons pas d'offres au-dessus de 50!".
Pour ce qui est du salaire, CR7 rebaptisé CR9 a librement négocié avec l'administration merengue. Aussi élevé soit-elle, sa rémunération n'est pas le fruit d'une escroquerie ou d'une magouille. Ballon d'Or 2008, Cristiano n'est pas le genre à faire le voyage pour des cacahuètes.

De plus, et certaines personnes l'oublient ou l'ignorent, le Real Madrid est une association type loi 1901; autrement dit, une association à but non lucratif. Tout ce qui est gagné par le club est réinvesti dans le club. Le président est élu par l'assemblée des socios (abonnés) merengues au suffrage direct. Peu d'Etats au Monde peuvent se targuer de fonctionner dans une telle transparence.
Pour Perez, CR9 n'est pas un achat mais un investissement. Il ne fait aucun doute que le transfert de la star lusitanienne sera vite amorti et que des bénéfices se dégageront d'ici peu. Personne n'achète à perte surtout à un tel prix.

Affirmer sans ciller que les salaires des footballeurs sont trop élevés est totalement aberrant. En effet, les rémunérations à 6 ou 7 zéros ne concernent que les fuoriclasse. Ce n'est parce qu'on est joueur de football qu'on est obligatoirement milliardaire. Combien de sportifs galèrent dans des divisions inférieures et dans des championnats de troisième zone? Assimiler tous les joueurs derrière l'étiquette de riches parvenus est une assimilation particulièrement grotesque.

Ensuite, stigmatiser la réussite sportive est idiot et ce pour 2 raisons principales.
En premier lieu, les fuoriclasse attirent les télévisions, les sponsors, les entreprises de BTP, les supporters. De plus, ils créent, par leur simple présence sur un terrain des milliers d'emplois directement ou indirectement. Par ailleurs, ils suscitent le rêve et l'admiration, dernières choses gratuites dans ce bas monde.
En deuxième lieu, le sport est la dernière enclave où l'on arrive au sommet par son seul travail et sa propre abnégation. Les footballeurs ont travaillé férocement pendant des années, sont sortis victorieusement des sélections de jeunes et des centres de formations qui ne font pas dans la philantropie. Après tout, la doctrine marxiste ne dit-elle pas "à chacun en fonction de ses mérites"?
On ne devient pas titulaire au Barça comme on peut devenir président du quartier d'affaires de la Défense.

D'un point de vue strict, il faut également souligner que les cracks tels que Cristiano Ronaldo ou Leo Messi ne sont pas rémunérés à leur juste valeur. Si l'on prend en considération toute l'activité que leurs passements de jambes entraînent, il ne sont payés qu'à 10% de ce qu'ils devraient. Et 10% c'est un grand maximum quand on énumère le nombre de personnes qui vivent grâce à eux. Pour revenir au transfert de CR9, le Portugais a dû céder 50% de son droit à l'image au club. Pas anodin comme sacrifice quand on sait qu'il est présent dans toutes les pubs dans son pays natal. Il est tout de même logique et normal que les joueurs récoltent un pourcentage de l'argent que leur travail fait gagner à tout un tas de sociétés et d'intermédiaires. A l'arrivée, ils n'obtiennent qu'une faible partie de ce qui devrait leur revenir. Que les chiffres soient élevés ou non et sans vouloir jouer à Cosette alors qu'il n'y a pas lieu, ils se font malgré tout arnaquer dans les grandes largeurs.

Au lieu de tirer à vue sur les footeux qui ne font que profiter d'un système qu'ils n'ont pas créé, les responsables politiques devraient demander aux supporters d'arrêter d'acheter des maillots à 75€ ainsi que tous les objets issus du merchandising, source intarissable de profits pour les clubs.
Ce ne sont pas les footballeurs qui ont introduit l'argent dans le foot mais bien les supporters. Les sponsors ne forcent pas à acheter. Personne n'est obligé de prendre un abonnement à un réseau câblé pour regarder les matches. Ce sont les supporters qui sont à la base du système. Ce sont eux qui enclanchent le processus. L'augmentation exponentielle des salaires est causée par l'augmentation du nombre de "passionnés" (des Footix en fait) à travers le monde. Il serait temps que les supporters se rendent compte de leur pouvoir immense. C'est pour cela qu'il est totalement illogique de s'en prendre aux joueurs.

Le plus étonnant dans de telles déclarations, c'est qu'elles émanent d'un homme qui a fait du travail son leitmotiv, de l'abnégation et de la volonté ses chevaux de bataille pour arriver à la fonction suprême. Les joueurs n'ont rien volé à personne et l'argent sur leurs comptes en banque n'est pas le fruit d'une magouille ou d'une malversation mais de leurs performances sur le pré.

On savait qu'il n'existait aucune culture sportive en France mais à ce point, il y a des tournées de Suze qui se perdent.

With all my Hate,

The Pessimistic



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