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vendredi 27 novembre 2009

On parle tous football: "c'est quand qu'ils mettent la vidéo?"

Chers amis profanes,

après vous avoir laissé en totale autonomie pendant quelques semaines, il est grand temps pour vous de développer votre mauvaise foi. Et quoi de mieux pour vous exercer que de déblatérer sur l'absence de la vidéo dans le football hein je vous le demande? Ce qui va suivre vous sera d'un intérêt pratique toutes les semaines et ce tant que Tony Chapron continuera d'arbitrer.

Depuis le Mondial de rugby de 2007, de nombreux Footix et non-Footix se sont alliés pour créer une espèce hybride: le Rugbix. Ignorant dans ce sport, ils ne cessent de comparer ce qui ne l'est absolument pas: le football et le rugby.
Ainsi, leur thème de prédilection est l'introduction de la vidéo dans le rugby alors que le football y est toujours réticent. Cette dichotomie fait la sève de cette leçon.

Mise en pratique.

Alors que vous pensiez que votre équipe venait d'égaliser, l'arbitre-assistant (l'homme qui court sur le bord de la touche et généralement bien moins vite que les joueurs y compris Morientes), ce bigleux, a levé son drapeau pour signaler un hors-jeu pour le moins inexistant. Le ralenti de Canal le prouve avec son matos du troisième millénaire: l'attaquant n'a qu'une demi-cheville offside. Bref, c'est une honte; vous vous sentez volé et trahi, un peu comme quand vous avez retrouvé votre épouse dans votre lit un mardi après-midi avec un homme qui ressemble à s'y méprendre à Dwight Yorke dans Fifa 98 sur Nintendo 64.
Cette sensation nauséabonde se traduit empiriquement par un afflux soudain de salive dans votre bouche. Quand vous sentez que ladite salive est suffisamment abondante dans votre orifice buccal, vous pouvez commencer votre plaidoyer pro-vidéo avec votre voisin qui, pour sa part, a préféré expédier sa salive via un crachat peu râgoutant mais dont il a éprouvé une certaine déléctation en voyant le résultat sur le béton froid de la tribune.

Exemple d'argumentation (c'est la maison qui régale, ne nous remerciez pas).

"Putain c'est quand qu'ils mettent la vidéo? De longue on se fait entuber (précision: j'écris entuber pour rester poli si jamais des dames venaient à lire; dans la réalité, on peut utiliser un vocabulaire plus soutenu et plus explicite). Platini il comprend plus rien au foot. Tout ça c'est pour favoriser les plus riches."
Le fait que vous soyez supporter de Marseille, Lyon, Paris ou Bordeaux ne doit pas vous empêcher de jouer les Cosette; de même que le fait que ce soit une équipe de bas de classement qui vienne de profiter de la potentielle erreur.
"Pourquoi on fait pas comme au rugby hein? Quand y a un problème y a vidéo". Dans ces cas-là, les règles de grammaire et de conjugaison sont en option. Oubliez les fioritures, allez au fait.

En règle générale, le supporter voisin est d'aussi mauvaise foi que vous. Ne vous privez donc pas d'exprimer votre frustration. La plupart du temps, il aprouvera votre diatribe anti-establishment par un "putain ouais" ou par un "c'est toujours les mêmes qui se font arnaquer". Une insulte sur Aulas n'est pas à exclure histoire de relancer la discussion avant le 6 mètres.

Pourquoi est-ce de la mauvaise foi? (point de vue subjectif n'ayant aucune vocation universelle)

Tout d'abord, l'erreur d'arbitrage est une constante dans l'histoire du football. Cela permet de créer des histoires mythiques et des légendes. En guise d'exemples, je citerai la finale de la Coupe du Monde 1966 où l'Angleterre l'emporte sur un but qui fait toujours polémique ainsi que le corner qui amena le but de Basile Boli en finale de la Champion's en 1993 (il n'y avait pas corner).
Par ailleurs, le Rugbix oublie, eu égard à sa faible connaissance du rugby à XV, que la vidéo n'est utilisée uniquement que pour valider un essai et rien d'autre.
Enfin, le supporter de mauvaise foi oublie toujours deux choses: les erreurs d'arbitrage qui n'ont pas été sifflées pour l'adversaire ainsi que toutes les occasions vendangées par ses attaquants pendant le match et qui auraient rendu l'erreur anecdotique. Dans le play off retour France-Irlande, les Irlandais sont venus brailler qu'ils s'étaient fait voler (ce qui n'est pas faux) oubliant un peu vite qu'ils ont eu des occasions de plier le match pendant le temps réglementaire. L'erreur d'arbitrage est un fait de jeu au même titre qu'un face-à-face râté.

Néanmoins, dans la mesure où on préfère toujours rejeter ses insuffisances sur les autres plutôt que de pointer ses propres errances et défaillances, vous pourrez toujours, chers amis profanes, vous en prendre à l'arbitre, à ses adjoints et à la Fifa sans risquer de vous faire rembarrer par l'assistance.

Vos progrès spectaculaires ne doivent pas vous inciter au relâchement. Supporter est un sacerdoce, une mission quotidienne qui ne tolère pas l'approximation.

Cesc Romero.

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