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mercredi 16 février 2011

Milan assez ou encore?

Face au bizut Tottenham, les Rossoneri ont offert une bien piètre image de leur club. Violents, nerveux, inefficaces, les Milanistes ont été rossés par des Spurs sans complexes qui sont repartis avec une précieuse victoire (0-1) obtenue grâce à un riff de Lennon et un but de l'échalas Crouch. Pis, Flamini et surtout Gattuso se sont ridiculisés en Mondovision et ont démontré que "le club qui se ne trompe jamais" était en perte de vitesse sur la scène européenne. Néanmoins, malgré cette défaite initiale, le Milan reste le Milan et les Londoniens auraient tort de déjà se croire en quart.

Que restera-t-il de ce match? Avant toute chose, évidemment, le dégoupillage de Gennaro Gattuso à l'encontre de Joe Jordan, coach adjoint des Spurs. La fin de match a ressemblé à une bataille rangée, un pugilat dont le numéro 8 milanais, qui est tellement autre chose que le casseur de jambes sans cesse décrit, a été la tête d'affiche. Longtemps blessé, sorti de l'équipe par Leonardo la saison dernière, Ringhio a retrouvé une place dans le 11 rossonero mais pas ses jambes. Depuis la Coupe du Monde 2006, le centrocampista est sur la pente descendante et son one-man-show d'hier n'en est que l'émanation. A 33 ans, il fait désormais illusion grâce à son expérience et sa roublardise. Triste.

Pour l'obtention du prix de meilleur second rôle, est évidemment récompensé Mathieu Flamini. L'ancien Marseillais n'a fait qu'une bouchée de la cheville droite de Corluka d'un tacle qui, en plus d'être inutile, aurait pu être encore plus ravageur. Mais, là où certains auraient baissé la tête et évité de la ramener ostensiblement, Flamini a au contraire bombé le torse, insulté le public indigné par son coup de sécateur, s'est frité avec Van der Vaart et a conclu sa représentation d'un puissant 'E va fanculo' du meilleur effet. Par patriotisme -ou tout simplement par incompétence- l'arbitre Stéphane Lannoy ne lui a adressé qu'une simple biscotte beurrée. Après le match, Corluka n'a pas eu le même jugement que le référé français puisqu'il aurait "mis en taule" son agresseur.

Le problème du Milan est que depuis plusieurs années, les dirigeants rompent totalement avec une certaine tradition, un football léché, classe, grand. Quand Zio Silvio reprend le club en 1986, le club est encore choqué par l'affaire du Totonero et la società a frolé le dépôt de bilan en 1985. Tifoso depuis son enfance, celui qui deviendra "Il Cavaliere", a la ferme intention de refaire de "son" Milan une puissance européenne. Ainsi, il a reconstruit son équipe avec des Baresi, Donadoni, Gullit, Van Basten, Rijkaard, Maldini entre autres, a intronisé Arrigo Sacchi et sa vision révolutionnaire du calcio puis Cappello et Ancelotti.

Or, depuis 2 ou 3 saisons, le Milan est en phase de transition et cherche un nouveau souffle. Mais, au lieu de recruter des hommes capables de créer une ossature forte capable de se mettre au niveau des joutes européennes, les dirigeants, Berlusconi en tête, ont fondé leur recrutement sur le blingue-blingue, les starlettes, les otaries de compétition, citons pêle-mêle Ronaldinho, Beckham, Robinho, Ibrahimovic. Mais s'ils sont de très bons joueurs de ballon intrinsèquement, l'accumulation de telles individualités nuit au rendement de l'équipe. En effet, si en Serie A, Ibracadabra et Robinho tirent leur épingle du jeu car il est indéniable que, par leur seul talent, ils peuvent renverser le cours d'un match, en Champion's en revanche, où le sens du collectif et du don de soi est exacerbé, leur manque de culture tactique et leur inaptitude à travailler pour les autres sont rédhibitoires. C'est tout sauf un hasard si l'Inter a pu remporter la C1 une fois le Pirouli de Malmö parti et si le Barça a été éliminé par ce même Inter, notamment au vu de la demi-finale aller. Face à ce manque d'implication, peu étonnant dès lors de voir les chiens de garde Flamini et Gattuso fondre un fusible puisqu'ils doivent compenser ces absences.

De plus, un des problèmes majeurs des Milanistes est sans nul doute la vieillesse de l'effectif. Ainsi, Nesta, Yepes et Seedorf affiche 35 barreaux; Zambrotta et Jankulovski 34; Abbiati, Gattuso et le capitaine Ambrosini 33. Le Maestro Pirlo chiffre à "seulement" 32 mais est régulièrement et sera indisponible jusqu'en avril. A côté, Zlatan et ses 30 berges fait presque figure de minot... Leur expérience est forcément bénéfique, le parcours en Serie A le démontre mais, dans l'optique d'un match retour décisif à l'extérieur, sera-ce suffisant pour réaliser l'exploit à White Hart Lane?

Ce huitième de finale aller a clairement mis en exergue les lacunes des Casciavit. Cependant, les Lombards auraient très bien pu l'emporter sans un excellent Gomes dans les bois. En effet, à 2 reprises, Yepes n'est pas passé loin d'inscrire 2 cageots de la tête et Ibra a bien failli égaliser à la dernière seconde (au passage, grand numéro d'acteur du Suédois: "quoi, moi, j'ai poussé???").

Privé de Cassano et Van Bommel car déjà aligné en Champion's avec leur club précédent cette saison et de Gattuso, suspendu, le Milan a 3 semaines pour se remettre en question et éviter l'affront de tomber avant même que les choses sérieuses n'aient commencé. L'image du club a été écornée hier soir à San Siro et les joueurs doivent une revanche à leurs tifosi. Il est évident qu'une réaction est attendue et espérée afin de gommer ce sinistre dérapage. Le 9 mars prochain, il faudra descendre dans la fosse aux lions en combattants avec l'ambition qui caractérise les Rossoneri. Et de rappeler qui est Il Diavolo.

Francesco della Nuejouls

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