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jeudi 24 juin 2010

Autopsie du désastre italien

La roche tarpéienne est proche du Capitole. Championne du Monde en titre, la Nazionale a été piteusement éliminée du Mondial, dernière d'un groupe d'une faiblesse abyssale. Incapables de battre le Paraguay, la Nouvelle Zélande et la Slovaquie, Gli Azzurri sont tombés sans combattre, victimes d'une défense en carton et d'un championnat où les grosses équipes n'ont plus de joueurs locaux dans leurs rangs.

Après un Euro 2008 en demi-teinte avec une élimination aux tirs au but face à l'Espagne en quart de finale après s'être sortie du groupe de la mort (Pays Bas, France et Roumanie), Roberto Donadoni avait été prié (façon de parler) de faire ses valises. Symbole de la réussite italienne et en retraite depuis le succès de 2006, Marcelo Lippi avait accepté un come back pour qualifier la Nazionale afin qu'elle défende son titre dans les meilleures conditions. Dans la mesure où c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures, le Mister décida de s'appuyer sur un bloc de champions du Monde avec, notamment, le frit confit Fabio Cannavaro, Ballon d'Or 2006. De plus, malgré une saison ignoble de la Juventus, Lippi continua de faire confiance aux cadres de la Vecchia Signora. Si Chiellini a tenu la baraque derrière et si Buffon a des circonstances atténuantes (blessures à répétition et une femme sublime), pourquoi conserver Cannavaro et Iaquinta-la-caravane? Fautif sur quasiment tous les buts, Cannavaro n'avait pas le niveau mais et lui et Lippi ont persisté dans l'erreur. Pourtant, avant de leur jeter une pierre de 100 kg dans la tronche, il faut expliquer pourquoi une telle décision suicidaire.

En fait, les équipes de tête de la Serie A n'ont plus de défenseurs italiens valables en dehors de Chiellini. L'Internazionale est devenue championne d'Europe sans Italiens indiscutables, la Roma joue avec une charnière Juan/Burdisso et a Mexès sur le banc, le Milan joue avec Thiaggo Silva et Ale Nesta qui a refusé de porter à nouveau le maillot national, le meilleur défenseur palermitain est le Danois Kjaer (pour dire le niveau de ses coéquipiers) et la Samp' a des défenseurs soit trop âgés (Zauri ancien international) soit trop jeunes (Rossi et Regini) soit étranger (Ziegler est Suisse). Seule solution pour Lippi: opter pour la charnière Chiellini/Cannavaro en perdition toute la saison. Seul Gamberini aurait pu faire l'affaire mais la Fio a échoué a une triste 10ème place cette saison et Lippi a sans doute préféré jouer avec une charnière qui possède des automatismes en club.

Par ailleurs, la Serie A souffre du manque de confiance accordée aux jeunes. Pourquoi Giovinco a très peu joué à la Juventus cette saison alors que c'est une des plus belles promesses de la Botte (ceux qui l'ont vu jouer aux JO 2008 savent)? Si la Nazionale avait une moyenne d'âge si élevée, c'est en raison de cette absence de relève. La formation italienne est un échec cuisant car les clubs se fournissent trop à l'étranger. Dans les équipes du haut du classement, seule la Samp' joue avec 10 joueurs italiens dans ses rangs.
Cependant, Lippi a également tenté d'offrir des responsabilités aux jeunes. Néanmoins, si Riccardo Montolivo a tout pour devenir un grand joueur dans les années à venir, il demeure très difficile de remplacer Pirlo au pied levé. Trop de pression d'un seul coup malgré son talent indéniable. Quant à Palombo, il n'a pas eu la possibilité de montrer ses capacités, victime de la faillite des 2 premiers affrontements.

De la même manière, la Botte n'a plus de grands gardiens dans ses rangs. Après Buffon, le déluge. Marchetti est le portier de Cagliari et, malgré une bonne saison, est trop peu habitué aux joutes de très haut niveau. L'Inter joue avec le Brésilien Julio Cesar, la Roma avec les Brésilien Julio Sergio et Doni, le Milan joue avec le ... Brésilien Dida. La Samp' a fini la saison avec Storari qui offre moins de garantie que la Sécurité Sociale malgré quelques grands matches sans oublier qu'il a 33 ans. Seul Sirigu, gardien de Palerme, représente l'avenir du haut de ses 23 ans. Qu'il est loin le temps des Zoff, Rossi, Pagliuca et Perruzzi!
Plus que tout, l'Italie a manqué de véritables leaders sur le pré en raison des blessures de Buffon, Gattuso et Pirlo ainsi que des méformes de Cannavaro, de Zambrotta et de De Rossi, totalement dépassés par les événements. En pleine possession de ses moyens en 2006, la Nazionale n'a été que l'ombre d'elle-même en 2010.

Enfin, Marcelo Lippi a attendu le 3ème match face à la Slovaquie pour amorcer un début de changement. Cependant, le maintien de Iaquinta en tiutlaire fut plus problématique qu'autre chose, surtout au vu de la performance de Quagliarella en 2nde mi-temps. C'est bien simple, le Bianconero a tout raté, excepté sa talonnade qui amena le but de Di Natale. Di Natale, parlons-en. Il est totalement incompréhensible que Lippi ait pu se priver pendant 2 matches du meilleur buteur de Serie A. Le rendement de Gilardino fut trop insuffisant face au Paraguay et les All White. Pas vraiment une surprise... La rigidité de Lippi causa en partie la perte de son équipe.

La victoire de l'Inter en Champion's n'était qu'un leurre. Le championnat italien doit impérativement faire confiance aux Italiens s'il veut que la sélection relève la tête. Cette élimination doit symboliser le nouveau départ de la Nazionale, celle qui brillait par son réalisme offensif et sa culture défensive. Avec Cesar Prandelli, le jeu italien reprendra des couleurs et sera résolument tourné vers l'attaque. Le chantier qui se présente à lui s'annonce fastidieux et laborieux. Néanmoins, il ne faut jamais oublier que c'est toujours dans l'adversité que la Nazionale a remporté ses plus beaux succès.

Francesco della Nuejouls

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