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samedi 27 février 2010

Supporter est un crime

Dans la mesure où le Paris Saint Germain est incapable de se distinguer sur une pelouse de football depuis quelques années, il faut bien que le club de la capitale fasse parler de lui backstage. Et quoi de mieux que le clasico face à l'ennemi marseillais pour occuper le devant de la scène médiatique?

L'objet de la discorde entre les deux clubs? Le nombre de supporters marseillais présents dans les tribunes du Parc des BN... euh pardon des Princes (copyright choa-garra-charrua inc.) et la façon dont ils devront être acheminés. D'ordinaire, les bus marseillais sont convoyés par les représentants de la force publique aux abords de la banlieue parisienne. Cette fois-ci, les groupes de supporters devaient fournir les listes nominales des participants, être convoyés dès Marseille. Enfin, les stadiers de l'OM ne devaient fournir les billets que peu de temps avant l'arrivée à Paris. Tout cela sans omettre que le quota alloué a été divisé par 2, passant de 2000 à 1000 places. Apparemment, être supporter de Marseille est assimilable à être un délinquant récidiviste.

D'un autre côté, la Ligue Nationale de Football et les autorités préfectorales ont voulu serrer la vis afin d'éviter un remake de la bataille de rue qui avait ravagé le Boulevard d'Athènes et la Gare Saint-Charles lors du clasico avorté en octobre dernier. Souvenez-vous avec émotion: le nez qui coule de Giuly, la toux de Clément, l'annulation du match à 13h par un Frédo la Stache complètement débordé. Et surtout, souvenez-vous de l'absence d'encadrement des supporters parisiens, des compagnies de CRS en nombre insuffisant alors qu'il était établi depuis des mois que les plus dingues d'entre eux voulaient se câliner avec les plus fadas de Marseille. Résultat: des scènes de guerilla urbaine en plein coeur de la deuxième ville de France.

Face aux mesures honteuses prises par les autorités compétentes qui considèrent les hinchas marseillais comme des criminels, les Ultras 1984, les South Winners et les Yankees ont décidé de n'envoyer aucun supporter si c'est pour être traité et parqué tels des animaux. Au moins, à Marseille, les groupes de supporters sont unanimement solidaires, ce qui n'est pas vraiment le cas en ce moment à Paris.

Pour arranger le tout, Paris et Marseille ont la chance considérable d'avoir des fifres comme président. Jean-Claude Dassier le président marseillais a envoyé le bois (de Boulogne) en affirmant que la décision des supporters marseillais était intelligente car ils ont "refusé d'être mis dans le même sac que les Parisiens". José Anigo n'aurait pas dit mieux. Pape Diouf si. En boycottant la rencontre, Dassier se rapproche des groupes de supporters olympiens dont on connaît l'influence au sein du club. Et cela lui permet de se la jouer Pape Diouf dont il n'arrive pas à la soquette.
De son côté, Robin Leproux a estimé que les propos de JCD étaient "outranciers". Après s'en est suivi une tirade sur la responsabilité du club, la même tirade que l'on nous sort depuis des années au PSG sans que jamais cela ne soit suivi d'effets. Et pour pourrir définitivement l'atmosphère, Robby a ajouté que les supporters n'avaient pas laissé un excellent souvenir du côté de Madrid, allusion à l'affaire Santos. Pourtant deux phrases avant, il avait affirmé qu'il ne fallait pas "mettre d'huile sur le feu". Ben voyons! C'est vrai que les supporters parisiens sont au-dessus de tout soupçon, qu'il n'y a absolument aucun problème de hooliganisme et de racisme dans leur stade et que les préfectures sont sur le pied de guerre à chaque déplacement. Sans oublier que Julien Quénémer est mort en train d'embrasser un supporter juif tout le monde le sait. Alors, on ne saurait trop conseiller à Monsieur Leproux d'avoir la même vigueur envers ses joueurs qui se trimballent honteusement en queue de Ligue 1 depuis des semaines.

Le problème avec ces événements, c'est que les supporters de football dans leur totalité vont encore être considérés comme des décérébrés juste bons à se taper dessus. Ah on va en entendre des leçons moralisatrices dans les prochains jours, des "mais ce n'est que du foot", des "se battre pour du foot n'importe quoi", des "le football doit être une fête" et autres conneries affligeantes de platitude! Ah ça, on va en avoir des propos de Footix!

Vous qui vous apprêtez à aller au stade, vous qui supportez une équipe quelle qu'elle soit, vous qui êtes passionné, vous qui chantez dans les virages, n'oubliez surtout pas qu'en France supporter est un crime.

Cesc Romero

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