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jeudi 11 février 2010

The Pessimistic hates you: la Génération 87

De lui, nous ne savons que peu de choses. Bucco-rhôdanien de naissance, il fut abandonné un soir de novembre par sa famille sur l'aire d'autoroute des Cantarelles avant sa rénovation, quelque part entre Arles et Saint-Martin-de-Crau. Recueilli par un couple de sangliers provençaux d'origine juive slovaque, il exerça ses instincts bestiaux primaires très jeune en compagnie de ses frères adoptifs marcassins dans les vastes champs de foin de sa contrée natale. Doté d'un acuité visuelle supérieurement développée et d'une ouïe extrêmement fine capable de capter RMC en modulation de fréquences et les commérages de Mademoiselle Nadia A., il hante les nuits des braves gens et des fidèles de Téléfoot. Combattant le turn over et les pièges du hors-jeu, il enfile la nuit venue son costume sombre comme son âme. Torturé par ses démons intérieurs et par le 4/5/1 de Pablo Correa, il fait régner le respect des tacles à la carotide, des lassérations de crampons de 16 sur terrain gras et l'anti-fair play. De lui, nous ne connaissons que son nom: The Pessimistic.
The Pessimistic n'aime personne, il vous déteste et il vous le fait savoir.

En ce mois de février glacial, The Pessimistic tacle en position de dernier défenseur les génies annoncés de la Génération 87.

Nasri, Benzema, Ménez, Ben Arfa. En 2004, ces joueurs furent les leaders techniques de l'Equipe de France des moins de 17 ans championne d'Europe. Immédiatement, ils passèrent du statut de joueurs talentueux à celui de génies du ballon rond qui emmèneraient l'Equipe de France, la vraie celle-ci, vers les sommets gravis en 1998 et 2000.
2010: les fuoriclasse français ont grandi et leur réputation également. Néanmoins, s'ils évoluent tous les 4 dans des grands clubs euopéens, les figures de proue de la G87 ont bien du mal à passer le cap de l'adolescence. Revue d'effectif à quelques semaines d'un Mondial qui devait être le leur.

Quand il est revenu à la tête du Real Madrid à l'intersaison 2009, Florentino Perez s'est fait un petit plaisir: s'offir Karim Benzema. Annoncé comme LE crack des 10 ans à venir, Perez n'a pas hésité à lâcher 35 millions d'euro dans l'affaire. Mais 8 mois après son arrivée à Bernabeu, la Benz' n'arrive pas à obtenir sa place de titulaire. Pourtant, l'avant-saison avait été fort concluante puisqu'il avait fini meilleur buteur des matches de préparation. Transféré de River Plate en janvier 2009, Gonzalo Higuain pouvait déjà faire ses bagages. Le phénomène allait bouter l'Argentin hors de la capitale espagnole. Sauf qu'aujourd'hui, Pipita est le meilleur buteur du club avec 12 pions en Liga et 2 en Champion's. Sans parler du but décisif qu'il a inscrit avec l'Argentine face au Pérou pour sa 1ère sélection. A côté, Benzema et ses pauvres 9 petits buts (7+2) font peine à voir. Pis, Higuain coule psychologiquement le Français. Face à l'Espanyol Barcelone samedi dernier, Higuain, absent depuis 3 semaines, remplaça Benzema et inscrivit un but avec une facilité déconcertante. Le doublé de la Benz' face à la Coruna le match précédent était déjà oublié...
Il faut dire qu'il n'est pas facile de passer d'un club comme Lyon où la pression est inexistante à un club aussi exposé médiatiquement que le Real Madrid. Après tout, il a fallu plus de 6 mois à Higuain pour hausser son niveau de jeu et devenir un rouage essentiel du jeu merengue. Victime des attentes placées en lui, Benzema perd sa confiance en même temps que sa place dans la rotation des attaquant en équipe de France. Et à moins d'un miracle, Benzema passera le plus clair de sa Coupe du Monde assis sur le banc des remplaçants.

Quant il évoluait à Sochaux, Jérémy Ménez était considéré comme un génie. Attaquant de soutien, il disposait déjà de toutes les qualités requises pour cerver l'écran et les défenses européennes. Rapide, technique et décisif, il attira l'oeil des recruteurs monégasques. Après une saison sur le Rocher, ce fut la Roma qui le recruta. Changement de championnat et d'ambiance. Aux côtés des Totti, De Rossi et Perotta, Ménez avait tout pour casser la baraque. Sauf que Ménez est une tête de con qui se barre en sucette à la moindre occasion. Capable de fulgurances comme à San Siro face au Milan cette saison, il est capable de disparaître de la circulation les 5 matches suivants. Snobant les conseils de Spaletti puis de Ranieri, Ménez s'enferme tout seul et squatte le banc quand ce ne se sont pas les tribunes du Stadio Olimpico. Symbole de sa chute dans l'estime de Ranieri ,un transfert au PSG a même été envisagé. De la bande des 4, c'est le seul qui n'ait jamais été convoqué en sélection A. C'était peut-être lui le plus prometteur...

Quand Samir Nasri a rejoint Arsenal, il a déclaré qu'il avait fait le tour de l'Olympique de Marseille et qu'il avait besoin d'un nouveau challenge. A 21 ans. Si Nasri évolue à l'OM depuis les sélections jeunes, on peut raisonnablement se demander pourquoi est-il parti de sa ville de naissance. Car à Arsenal, force est de constater que Nasri n'a pas le niveau pour évoluer dans un tel club. Il suffit de voir les matches face à Manchester et Chelsea de ce mois-ci pour le comprendre. Pourtant, Nasri commençait à s'installer dans le collectif marseillais. Arrivé en équipe première sous l'ère Albert Emon, il devenait un pion essentiel du milieu de terrain phocéen. Las, les appels du pied de Wenger furent plus fort que l'amour du maillot. Régulièrement blessé et insuffisant aussi bien tactiquement que physiquement, Nasri a démontré ses limites au haut niveau. Et, en attendant, il n'a pas gagné davantage de titres à Londres qu'à Marseille.

Des 4, Hatem Ben Arfa est certainement celui qui aura fait le plus couler d'encre. D'un niveau technique sans égal en France voire en Europe, Ben Arfa ne connaît pas le travail collectif et le sacrifice. Chouravé au Lyon du Père Aulas, Marseille voulait faire de lui la star sur laquelle s'appuierait le collectif olympien. Las, depuis 1 an et demi, Ben Arfa a alterné le bon (notamment depuis le début d'année 2010) et le très mauvais (tout le reste). S'il cartonne face à des équipes de bas de tableau, il est toujours incapable de réaliser un match complet face à un ténor de L1. Annoncé partant en juillet et en janvier, Ben Arfa est finalement resté à Marseille. S'il fut longtemps défendu par les dirigeants bleu et blanc, la patience de Deschamps et Anigo a des limites. Ben Arfa n'aura pas droit à un nouveau rattrapage. Un transfert en fin de saison dans un club de seconde zone anihilerait tout espoir de grande carrière.

En somme, ces quatre joueurs souffrent des mêmes symptômes. Portés au nues dès leur plus jeune âge et mal conseillés, ces gamins n'ont pas encore démontré qu'ils étaient les héritiers de la bande à Mémé Jacquet. Par ailleurs, et c'est un trait de caractère qui leur est commun, ces 4 joueurs ont le cigare, une prétention dans leurs faits et gestes qui agacent beaucoup de monde, même ceux qui les défendaient ardamment jadis. Cette façon désagréable de toiser son interlocuteur (remember l'altercation Henry/Nasri en 2008), de se croire supérieur alors qu'ils ont encore rien prouvé au plus haut niveau (parce que mettre 10 buts et faire 5 passes dans une saison, c'est à la hauteur de n'importe quel Brandao venu) se retourne désormais contre eux. Leurs limites s'exposent aussi en plein jour: en effet, aucun d'entre eux n'est un titulaire indiscutable dans son club respectif.
De plus, il est étonnant de constater que seul Ben Arfa joue toujours en France. Ainsi, au lieu d'apprendre le métier de footballeur de haut niveau, de réaliser de bonnes performances en championnat et en Champion's et devenir régulier, Ménez, Benzema et Nasri ont cédé aux sirènes des championnats plus médiatiques afin de remplir leurs comptes en banque et dénigrer par la suite le niveau du championnat de France alors qu'ils n'ont jamais survolé la Ligue 1 de manière outrageuse. Quand un joueur comme Nasri, né à Marseille et qui a évolué dans toutes les catégories du club, quitte l'OM sans en être un joueur incontournable et sans avoir remporté un titre, on peut se poser des questions sur l'intelligence du garçon ainsi que sur son entourage.

La génération 1998 était doté de joueurs qui évoluèrent jusqu'à 24-25 ans en Division 1. Avant de partir à la Juventus, Deschamps était le capitaine de l'OM championne d'Europe en 1993. De la même manière, Zidane avait quitté Bordeaux pour Turin après avoir été élu meilleur joueur du championnat. Et, pendant la première saison, Zidane ne dut sa survie que grâce à la défense constante de Marcello Lippi dans la presse.

Les joueurs de la Génération 87 ont toujours réfuté toute comparaison avec ses glorieux aînés mais, dans le même temps, ils se sont également complaits dans ces allusions, à tel point qu'ils ont pensé qu'ils étaient arrivés au sommet sans fournir d'efforts. Et à l'arrivée, ce sont Gourcuff, Diarra et Ribéry qui tiennent l'EdF depuis 2 ans. Des joueurs qui ont connu des difficultés au niveau professionnel et dans la vie quotidienne et qui se sont donnés les moyens d'atteindre le haut niveau. Car à un moment, le talent ne suffit plus.

Cette génération devait arriver à maturité pour remporter le Mondial 2010 et imposer sa loi pour la décennie à venir. A 3 mois de l'annonce du groupe de 23, il n'y a guère que Benzema qui puisse espérer une place dans l'avion. Et encore, ce serait davantage un strapontin.
Et si la Génération 87 n'était finalement qu'un coup d'épée (dorée) dans l'eau?

With all my hate,

The Pessimistic

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