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jeudi 24 septembre 2009

Un joueur de légende: George Best.



Le jour de son enterrement en novembre 2005, une banderole disait: "Maradona good, Pelé better, George best". Peu de joueurs ont autant marqué leur époque comme a pu le faire George Best. Son jeu et ses frasques en ont fait une personne adulée, à tel point que Pelé avoua que le Nord-irlandais était le meilleur joueur qu'il ait jamais vu et que Santa Maradona le considérait comme son idole.


Symbole des "Swinging Sixties", le "5ème Beatle" avait des plasirs simples: le football, les belles femmes, les voitures de sport et les soirées bien alcoolisées. Comme tous les génies, Best était prédestiné pour s'autodétruire. Il est considéré comme l'un des plus grands attaquants britanniques de l'histoire.

Il n'a que 15 ans quand Best est découvert pas Bob Bishop, scout de Manchester United. Persuadé d'avoir trouvé la perle, Bishop envoya ce télégramme à Matt Busby: "J'ai trouvé deux jeunes: un bon et un génie". Busby est convaincu en une seule mâtinée. Mais à la fin de la journée, il repart à Belfast considérant qu'il en avait assez vu. Busby pardonne sans peine le gamin fantasque. Best passe pro et joue son premier match à Old Trafford en 1963 face à West Bromwish Albion. Débuts tonitruants: premier ballon et premier "oh my legs" (petit pont) sur le défenseur.

Avec Dennis Law et Bobby Charlton, Best offre deux titres aux Red Devils en 1965 et 1967. Mais c'est en 1966 que Georgie éclate à la face du monde du football avec un triplé face au Benfica d'Eusebio. En inscivant le but victorieux en finale de la Coupe d'Europe des Clubs champions face à Benfica again en 1968, George Best devient une superstar. Cette année-là, le natif de Belfast remporte le Ballon d'Or. Les lettres de supportrices énamourées arrivent pas camionnettes spécialement affrétées (10 000 par semaine). Flambeur dans l'âme, Georgie Boy picole, joue au casino et multiplie les conquêtes féminines.

Le premier iatus de la carrière de George Best arrive en 1969 avec la démission de son père spirituel Matt Busby la seule personne capable de canaliser l'ailier gauche. Ironie du destin, Best est rapidement débordé par sa vie extra-sortive. Sa vie privée est à la dérive, il délaisse l'entraînement et arrive fréquemment bourré sur le terrain.

Tout ce suucès fait partir Best en vrille sévère. Physiquement et mentalement, il est frit confit. Sa barbe lui sert d'artifice pour cacher son embonpoint. Tommy Docherty, le successeur de Busby, ne lui fait pas confiance. Son coéquipier écossais Willie Morgan lâcha quelques années plus tard à propos du bad boy: « George pensait qu'il était le James Bond du foot. Il avait tout ce qu'il voulait, l'argent, les filles, la gloire. Il vivait au jour le jour et s'en est toujours tiré comme ça. Quand il manquait l'entraînement, les gens trouvaient des excuses à sa place. Il n'avait pas à en fournir. Il se foutait de tout». En d'autres mots, Georgie traîne désormais une sale réputation de fumiste voire de branleur. Sa relation avec ses coéquipiers se tend considérablement, notamment avec Bobby Charlton. Néanmoins, Sir Bobby admit par la suite qu'il s'était trompé à propos de Best. Bien que sur courant alternatif, le Nord-Irlandais reste le top scorer de United. Mais à force de jouer avec les nerfs de tout le monde, Best est éjecté de l'équipe le 1er janvier 1974 après un match paumé 3-0 contre Queens Park Rangers (club qui appartient désormais à Flavio "crash test" Briatore). Georgie n'a que 27 ans mais déjà 466 matches au compteur pour les Devils. Ses stats mancuniennes sont éloquentes: 178 pions dont un amazing sextuplé comme Northampton Town FC en 1970, 6 fois consécutives meilleur buteur de MU et meilleur buteur tout court du championnat en 1967-1968.

Après quelques matches dans des équipes de seconde zone (Dunstable Town, Stockport, Cork Celtic), Best part monnayer ses talent aux LA Aztecs, ce qui permit au championnat US à la dérive de trouver de nouveaux sponsors comme Elton John (oui oui, le même que celui qui chante "Candles in the wind"). Ne dérogeant pas à ses bonnes vieilles habitudes, Geogie Boy rencontre Angie McDonalds, mannequin de son état. Après avoir supporté les cures de désintox', les médocs et autres tromperies, Angie accepte de suivre Best en Angleterre, à Fulham plus précisément. Mais jouer à Craven Cottage ça va un moment. George retourne à ses chères habitudes faites d'alcool et de liaisons extra-conjugales. Angie, excédée, met les voiles mais Best lui court après et l'épouse en 1978. La fin de carrière de l'enfant terrible du foot britannique relève de l'anecdote.

Quand il stoppe sa carrière à 37 ans, Best compte 37 sélections avec l'Irlande du Nord pour 9 buts. Longtemps, il demanda à ce que, comme au rugby, une équipe d'Irlande unifiée soit créée mais en vain, et ce malgré son immense popularité.

Mais ce n'est pas parce qu'il a arrêté le ballon que Georgie arrête les conneries. Son palmarès judiciaire ferait presque pâlir son pedigree sportif. Florilège non exhaustif.

En 1984, George Best est condamné à 3 mois de prison pour conduite en état d'ivresse et agression sur agent. En 1991, il apparaît complètement cuit à une émission de la BBC. Bien qu'élu sportif britannique du siècle en 1995 (excusez du peu), Best s'enfonce de plus en plus, à croire qu'il se complait dans sa déchéance: il est ruiné, n'a plus vraiment de domicile fixe. Il est même contraint de vendre ses trophées. En 1994, il passe Noël en prison, après avoir été condamné pour conduite en état d'ivresse. Mars 2000 marque le début de la fin: le foie est touché et on craint sérieusement pour sa vie. En février 2001, il est hospitalisé pour une pneumonie. En 2002, il subit une greffe du foie mais il rechute aussi sec: le naturel est revenu au galop, Best reboit. En 2004, il est à nouveau condamné pour conduite en état d'ivresse et est suspendu de permis pour 20 mois.

Le "Fifth Beatle" est hospitalisé début octobre en soins intensifs à l'hôpital Cromwell de Londres après une infection pulmonaire. Son état ne cesse alors de se dégrader et le 25 novembre 2005, l'insaisissable ailier rejoint l'équipe du Paradis à 59 ans. Témoignage ultime de sa popularité hors-norme, plus de 300 000 personnes (soit plus d'un sixième de la population nord-irlandaise !) ont accompagné son cortège malgré la pluie lors de ses obsèques nationales à Belfast au son deThe Long and Winding Road des Beatles. L'aéroport de Belfast porte désormais le nom de George Best.

George Best ne fut pas seulement un joueur génial et charismatique. Toute sa vie durant, le n°7 de United nous a gratifier de quelques frasques dont lui seul avait le secret et qui ferait passer les excès de Ronaldinho pour un vol de Carambar. Lors d'une pendaison de crémaillère, la police arrive pour mettre de l'ordre dans l'orgie. Best leur fait alors une proposition que les Bobbies ne peuvent refuser: il les invite à la fête s'ils achètent des bouteilles supplémentaires au magasin le plus proche. Conciliants, les policiers s'exécutent!

Encore plus ahurissant: lors d'un des trois matches qu'il disputa au Cork Celtic, il prit la balle, dribbla un joueur, se retourna pour vomir et repartit balle au pied pour centrer.

Pour la route, anthologie des meilleures citations de Georgie. Top 5.

À propos de David Beckham, également porteur du fameux n°7 de MU, Best déclara : « Il ne sait pas tirer du pied gauche, il ne sait pas faire une tête, il ne sait pas tacler et ne marque pas beaucoup de buts. À part ça il est très bien. » (« He cannot kick with his left foot, he cannot head a ball, he cannot tackle and he doesn't score many goals. Apart from that he's alright. »).

« En 1969 j'ai arrêté les femmes et l'alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie. ».

Après sa greffe du foie en 2002 qui avait nécessité une transfusion de vingt litres de sang (40 demi-litres, donc autant de pintes): Dix heures pour quarante pintes, j'ai battu mon record de 20 minutes.

« J'ai dit un jour que le Q.I. de Gazza (pour les incultes: Paul Gascoigne, joueur génial et authentique fêlé) était plus petit que le numéro de son maillot et il m'a demandé : « Qu'est ce qu'un Q.I. ? ».

« J'ai claqué beaucoup d'argent dans l'alcool, les filles et les voitures de sport - le reste, je l'ai gaspillé. ».

À propos de son passage aux LA Aztecs : « J'avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n'ai jamais vu la mer ».

« À l'époque, si j'avais eu le choix entre enfoncer quatre défenseurs de Liverpool puis planter un but dans la lucarne ou en caser un dans les cages de Miss Monde, j'aurais eu du mal à me décider. Par chance, les deux me sont arrivés ». Difficile de choisir la meilleure...

Joueur emblématique des Sixties, Best s'est autodétruit comme si son talent et sa popularité étaient trop lourds à supporter pour ses seules épaules. C'est avec lui qu'est né le foot rock 'n'roll et la surexposition médiatique des joueurs. Seuls des Britanniques ont le chic pour désigner l'héritage d'un tel personnage. Et définitivement: Maradona good, Pelé better, George Best.

http://www.youtube.com/watch?v=nplemK3Y4ns

Floréal Dal Canto.

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