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lundi 31 mai 2010

Les Bleus toujours en chantier

L'annonce du forfait de Lassana Diarra lors du stage à Tignes a provoqué un déclic dans la tête de Frère Ray. Exit les 2 milieux récupérateurs, pourtant inamovibles depuis 6 ans, bienvenu 4-3-3! Après 2 matches de préparation face au Costa Rica et la Tunisie, les enseignements sont déjà nombreux. Et le moins que l'on puisse affirmer, c'est qu'à 11 jours du match face à l'Uruguay, les Bleus ont du pain sur la planche.

C'est la mode alors why not? Inflexible dans ses compositions, Blue Ray a décidé d'opter pour le schéma qui fait la grandeur du Barça. 4-3-3: la formule est lancée! De quoi s'attirer les faveurs d'un public Footix versatile qui est Anti-Domenech par panurgisme exacerbé? A la fin du match face au Costa Rica, beaucoup ont clamé "mission accomplie". Pourtant, à y regarder de plus près, cet essai ne fut certainement pas aussi concluant qu'il n'y parut.

Pour ce dernier match en terres gauloises, Ray Do a aligné une équipe expérimentale: Mandanda- Sagna, Gallas, Abidal, Evra- Gourcuff, Toulalan, Malouda- Govou, Anelka, Ribéry.
Toulalan fait office de sentinelle, Gourcuff occupe une position plus reculée pour diriger le jeu, Malouda joue le rôle de relayeur et Anelka évolue en pointe. L'animation offensive a de la gueule sur le papier. De là à conclure que cela fonctionnera sur le terrain, c'est une toute autre chose.

D'entrée de jeu, les Bleus mettent la pression sur des Ticos en reconstruction. La moyenne d'âge est de moins de 23 ans. Pas étonnant puisque le nouveau sélectionneur s'appuie sur la génération 4ème des championnats du Monde des moins de 20 ans.
Cependant, sur leur première attaque, Hernandez ouvre la marque d'une frappe des 20 mètres (11ème). Abidal, autoproclamé défenseur central, réalise l'action parfaite: laisser le joueur démarqué, venir sur lui, reculer, se tourner au moment de la frappe. A montrer dans toutes les écoles de football. Mandanda, surpris par le rebond, se troue salement. Lloris peut dormir tranquille.
Si les Français parviennent à égaliser à la 22ème minute grâce à un csc, ce sont les Ticos qui se créent des occasions dangereuses, les rares fois où ils pénètrent dans le camp bleu. Une première fois, Mandanda détourne d'une claquette une frappe en direction de la lucarne; la seconde fois, c'est la transversale qui sauve les coéquipiers de Captain Evra sur une tête de Ruiz, indiscutable homme du match. C'est vrai que pour Frère Raymond, les corners ne se travaillent pas...
Après avoir poussé comme des malades pour l'emporter face à des Ticos cuite au bout de 45 minutes, Valbuena, pour sa 1ère sélection, offre la victoire aux Bleus. A vrai dire, le score, on s'en fout un peu.

Au niveau des enseignements, plusieurs points sont à mettre en exergue.
Tout d'abord, l'équipe est déséquilibrée et penche furieusement à gauche. Cependant, le trio Evra/Malouda/Ribéry se marche sur les arpions. Malouda ne peut jouer son jeu d'ailier à l'ancienne avec Ribéry devant lui. Dans un rôle de simple relayeur, l'impact du Guyannais est forcément moindre. Quant à Ti Franck, il développe une nouvelle technique footballistique qui consiste à jouer tout seul.
Gourcuff veut trop en faire; sa bonne volonté n'empêche d'être brouillon.
Sur le front de l'attaque, Anelka prouve qu'il n'est pas un véritable n°9. Pis, on a l'impression qu'il s'ennuie et qu'il ne fait rien pour proposer des solutions.
Le côté droit Sagna/Govou est faible et ne tolère pas la comparaison avec l'activité qui émane du côté gauche.
Toulalan est au four et au moulin au poste de n°6 mais ne pas tout colmater tout seul. Surtout quand on voit la faiblesse d'Abidal dans l'axe combinée à un Gallas de retour à la compétition.
Enfin, l'absence de Titi Henry n'augure rien de bon pour le natif des Ulis. Tout cela sent bon la Coupe du Monde posé sur le banc...

Malgré ces constatations, affirmer que les Bleus n'ont pas été si bons que cela est considéré comme un crime d'anti-patriotisme. Le syndrôme Jacquet point à l'horizon. Tous derrière les Bleus aveuglément? Manquerait plus ça!

Deuxième fournée des matches préparatoires avec un affrontement à Radès face à la Tunisie. Le 4-3-3 est reconduit avec, comme seul changement, la présence d'Hugo Délire dans les bois.

On ne change pas les bonnes habitudes en prenant un pion d'entrée de jeu. Sixième minute, incursion tunisienne, Ben Khalfallah met la misère au côté droit de la défense française et centre pour Jemaa seul au second poteau. Sur sa bonne lancée, le backfour est pris en défaut 2 minutes après. Ben Khalfallah part dans le dos d'Abidal (pour changer) mais, au moment d'offrir un but tout fait à Jemaa one more time, il déglingue sa passe. A la 11ème minute, Ben Khalfallah encore et toujours récupère la gonfle côté gauche, rentre et frappe à côté. Heureusement que le joueur de Valenciennes est droitier sinon...
A la demi-heure de jeu, les Bleus contrôlent le jeu sans parvenir à concrétiser. Ribéry déborde mais préfère frapper du gauche dans le petit filet plutôt que de centrer. En même temps, centrer sur qui? Christian Jeanpierre, à qui on ne la fait pas, analyse: "les Français ont mis un petit quart d'heure à se mettre en train" ou un truc dans le genre. Sauf que pendant ce quart d'heure, c'est un miracle si le score n'est que de 1 à 0.
A force de pousser, les Bleus parviennent à égaliser grâce à une épaule de Gallas, à la réception d'un coup franc de Gourcuff qui semble avoir pris le leadership en matière de coups de pied arrêtés (65ème). Après ce but, Ray effectue plusieurs changements qui marquent la fin de la partie. La dernière demi-heure est anarchique avec 3 avant-centres sur la pelouse. A un moment, Blue Ray a voulu les empiler mais il n'a pas pu...

Pour ce qui est de l'animation offensive, les problèmes aperçus face au Costa Rica se confirment. Le jeu penche démesurément à gauche, le côté droit est faiblard, la défense centrale patauge. Une bonne nouvelle cela dit: Gourcuff s'améliore en coups de pied arrêtés. Enfin!

Avant d'affronter la Chine vendredi à La Réunion, force est de constater que le changement de tactique a été forcé par l'absence de Lass Diarra et que Coach Ray a bâti un squad pour construire un 4-2-3-1 et non un 4-3-3. Cependant, au vu des résultats peu probants obtenus lors de ces 2 confrontations, que face à l'Uruguay, les Bleus retrouvent le format à 2 récupérateurs. Car face à deux chasseurs de buts comme Suarez et Forlan, la moindre erreur défensive et de replacement se paiera comptant. Ray Do prendra-t-il le risque de se présenter avec une équipe aussi déséquilibrée? Le doute est permis.

Cesc Romero

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