Après 17 longues années de disette, l'Olympique de Marseille a offert aux enfants du Vieux-Port un doublé Coupe de la Ligue/Championnat. Pourtant, la saison phocéenne ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices. Entre le décès de RLD, le changement de président-délégué, les doutes sur l'avenir du club et l'arrivée sur le banc de Didier Deschamps, le parcours victorieux de l'OM n'était pas écrit d'avance.
Après l'annonce du départ du Lion de Rekem Eric Gerets, le futur ex président-délégué Pape Diouf n'attend pas pour trouver un successeur à la tête de l'équipe et envoie le bois. Ce sera Didier Deschamps, un nom qui dit vaguement quelque chose aux supporters olympiens. Le capitaine de l'OM en 1993, malgré le flou entourant les destinées du club après la disparition de Robert Louis-Dreyfus, a carte blanche pour le recrutement. La défense, gros point noir de la saison précédente est complètement modifiée avec les arrivées de Diawara, Heinze. Le milieu de terrain est renforcé avec Edouard Cissé et Mbia. Pour la touche technique, le carnet de chèques est sorti pour recruter Lucho Gonzalez, maître à jouer de Porto. Enfin, DD se fait un petit plaisir en attirant Nando Morientes barré depuis 2 ans par El Guaje Villa à Valencia. Bref, du lourd.
Pourtant, la mise en place d'une équipe-type prend beaucoup plus de temps que prévu. En effet, Lucho se brise la clavicule en amical contre Sainté, la charnière Diawara/Heinze est aux fraises, Cissé patauge aux côtés d'un Mbia manquant de rigueur au milieu. C'est tellement le foutoir que beaucoup remettent en cause les choix tactiques de la Dèche car il faut bien avouer que l'ensemble n'est pas très convaincant. Si l'on ajoute à cela des faillites collectives tant dans le jeu que dans la motivation face à Monaco et surtout Auxerre, force est de constater que face à un Bordeaux en pleine bourre, les Phocéens ne font même pas illusion. L'écart entre les 2 équipes culminent jusqu'à 12 points. Un gouffre a priori insurmontable.
Au mercato de janvier, DD veut faire le ménage dans ses lignes offensives. Mancini, condamné au banc de l'Inter est contacté pour remplacer Ben Arfa et surtout Valbuena, totalement hors-sujet depuis des mois. Finalement, le staff olympien se ravise et conserve ses deux régaleurs de chique. Cette menace de les débarquer conjuguée au fait que seuls des clubs de seconde zone s'intéressent à eux seront les détonateurs de leur bonne deuxième partie d'exercice.
Le tournant de la saison a peut-être eu lieu sur la pelouse de la Mosson. Face à Montpellier, l'OM touche le fond, surclassé par une équipe composée de minots vainqueurs de la Gambardella en 2009 et de vieux briscards rompus aux joutes hargneuses de Ligue 1. Démobilisés, les Marseillais prennent la leçon par Aït Fana and co.
Si Didier Deschamps possède des certitudes sur le jeu qu'il souhaite mettre en place, il a assez d'intelligence pour ne pas rester figé dans son schéma. La charnière est modifiée. Désormais, Souley Diawara est associé à Mbia malgré les réticences du Camerounais. Décevant depuis le début de saison, Diawara est transfiguré par cette nouvelle association et redevient celui qui impressionnait tant sous les couleurs bordelaises. De même, Mbia est bien plus efficace en arrière central qu'au milieu. Cette modification rééquilibre l'équipe. Edouard Cissé devient une sentinelle enfin efficace, celle qui rassurait DD du temps où il coachait Monaco.
Ce sera la dernière défaite olympienne jusqu'à l'obtention du titre face à Rennes.
A partir de ce match, Marseille devient quasiment invincible. En championnat, si l'équipe manque plusieurs fois de conforter ses certitudes face à Toulouse et Lorient, la sérénité qui se dégage sur la pelouse triomphe à chaque fois des obstacles. Le doublé de Brandao face à Toulouse lors d'une demi-finale de Coupe de la Ligue bien mal embarquée constitue certainement de cette prise de conscience. L'élimination en Europa League par Benfica n'est qu'un épiphénomène et ne ralentit pas la marche en avant en Ligue 1.
Battus la saison passée par des Bordelais euphoriques, les Phocéens terrassent les Lolo Boys en finale de la Coupe de la Ligue, premier trophée remporté depuis la Coupe d'Europe des Clubs Champions. Le début de la fin pour des Girondins en sur-régime, écrasés par les matches à enjeu et la pression à laquelle ils n'étaient pas habitués.
Cette saison, la force de Deschamps fut certainement de ne pas blacklister des joueurs avec qui il n'entretient pas des relations cordiales. Mathieu Valbuena, symbole par excellence de l'héritage Gerets, en est la preuve éloquente. A l'inverse, il n'a pas hésité à sacrifier Benoît Cheyrou, pourtant remarquable encore cette saison, pour conserver une formule Cissé/Kaboré gagnante depuis la finale de la Coupe de la Ligue.
Par ailleurs, malgré l'afflux d'hommages dédiés à RLD, il semble que le club gagnera en stabilité sous l'égide de Margarita Louis-Dreyfus. En effet, la gestion de RLD a plutôt été sentimentale, ce qui lui a attiré des soucis avec la justice provoquant sa maladie. Cependant, il ne faut pas verser dans l'angélisme depuis sa mort. S'il a dépensé 200M€ de sa fortune personnelle, il ne faut pas oublier également qu'il a aussi permis à des sociétés lui appartenant de s'implanter en France via l'OM (Neuf Telecom, Direct Energie, Adidas). Sans oublier que le groupe RLD lorgne depuis quelques temps pour acquérir le nouveau sponsor maillot Bet Clic.
A l'inverse de son mari, MLD a clairement opté pour une gestion "business is business" qui pourrait finalement être bénéfique pour le club car son sort sera surveillé de plus prêt, ce qui limitera les risques de transferts foireux qui ont longtemps été la routine.
Cette saison a marqué le retour au sommet de l'Olympique de Marseille après de si longues années sans titre. Désormais, la question est de savoir si ce doublé symbolisera le début d'une hégémonie nationale et si ce sera le point de départ de nouvelles épopées européennes. Après une telle saison, Marseille doit avoir les moyens de ses ambitions afin de jouer un rôle important à l'échelle continentale dans les années à venir.
Cesc Romero
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