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vendredi 11 mars 2011

Donetsk, tout sauf une surprise

Quand la Roma a hérité du Chakhtar Donestk, la Louve a soufflé et savouré. Tu penses, tomber sur une équipe qui pue le goulag, c'était du pain béni. Sauf qu'en plus de la crise qui a secoué la Via Trigoria en février, les Giallorossi n'avaient pas prévu de se faire latter aussi sévèrement. Et sous-estimer les Ukrainiens, ça coûte cher. Six galettes dans le filet plus tard, Donestk do Brasil a prouvé à toute l'Europe qu'il faudrait compter avec lui pour la suite de la compétition et pour les années à venir.

Depuis 1996, le taulier du club est l'homme d'affaire Rinat Akhmetov et est considéré comme le véritable boss du pays, grâce à l'empire industriel qu'il a bâti dans l'acierie (nda: pendant la période soviétique, Donetsk était appelé Stalino. Pas en hommage à qui vous savez, mais car stal signifie acier dans la langue de Belanov) et qui compte pas moins de 160 000 salariés. Ces dernières saisons, le Chakhtar ne cesse de monter en régime. Pour mémoire, en 2009, l'OM avait pris la porte face aux Mineurs (2-0; 1-2), tout comme Tottenham, le CSKA Moscou avant et le Dynamo Kiev après eux. Ce n'était qu'une étape pour eux puisqu'ils ont finalement soulever le trophée après une victoire face au Werder Bremen (2-1 a.p.). Pas suffisant cependant pour être pris au sérieux par les habitués de la Champion's.

En championnat, les Stakhanovets (en hommage au célèbre mineur) ont remporté le titre en 2002, 2005, 2006, 2008 et 2010 et offrent désormais une alternative plus que crédible à l'éternel Dynamo Kiev. Mieux, les Taupes sont devenus la principale puissance ukrainienne, malgré les bons résultats du Dynamo de Chevchenko en Europa League.

Mais avant de chercher les raisons de ce succès sur le terrain, il faut en préambule regarder du côté du banc de touche. En effet, le Roumain Mircea Lucescu dirige son équipe d'une main de maître, avec une arrière-garde composé de grognards essentiellement Made in Ukraïna- hormis le Roumais Rat et le capitaine croate Srna- et avec une attaque aux forts accents brésiliens. Etrange au demeurant qu'aucun club français n'ait songé à le recruter, histoire de voir autre chose que des bourrins...
Au final, l'alliage est détonant. Premier de leur groupe devant Arsenal, les Stakhanovets ont frappé un grand coup lors des 8ème de finale de Champion's, indiquant clairement qu'ils n'étaient pas venus en touristes et que leurs adversaires auraient bien torts de les mépriser.

Depuis plusieurs années, Donetsk est devenu une colonie auriverde. Durant les 5 années qui se sont écoulées, on ne compte plus le nombre de Brésiliens qui ont peuplé les lignes d'attaque: Matuzalem, Elano, Fernandihno,Ilsihno et un certain... Brandao. D'ailleurs, quand on voit le talent des Jadson, Willian Borges, Luiz Adriano et Alex, on peut se demander pourquoi l'OM a jeté son dévolu sur 'J'ai pas touchéaou'... Avec l'arrivée du Croato-brésilien Eduardo, l'ancien d'Arsenal à la cheville de fer, l'attaque des Mineurs a mis minable la défense romaine qui n'a jamais semblé aussi démunie.

Afin de parfaire le tableau, la toute nouvelle Donbass Arena (nda: Donetsk est la capitale de la région du Donbass) a été inaugurée en août 2009, a une capacité de 51 000 places et a coûté la bagatelle de 250 millions de dollars. Il fallait bien ça pour doter le Chakhtar d'une enceinte 5 étoiles UEFA. La finale de la C1 ne devrait pas tarder à y faire escale...

Avec cette victoire totale face à la Roma, le Chakhtar Donestk est sorti du bois et fait figure d'épouvantail pour la suite de la compétition. Vingt-cinq ans après la victoire du Dynamo Kiev de Valeri Lobanovski en Coupe d'Europe des Clubs Champions 1986, l'Ukraine se prend à rêver d'un successeur au palmarès. Et des Ukrainiens qui dansent la samba, c'est vrai que ça pourrait être sympa.

Фран Правда (Tu sais pas lire le cyrillique? Débrouille-toi!)

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