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dimanche 6 mars 2011

Comme un boomerang*

"Je sens des boom et des bang agiter mon coeur blessé, l'amour comme un boomerang me revient les jours passés à pleurer les larmes dingues d'un corps que je t'avais donné".

Pour cette 26ème journée de Ligue 1, les arbitres professionnels français voulaient frapper un grand coup. Excédés du traitement dont ils étaient les victimes, insultés, contestés par joueurs, entraîneurs, journalistes et consultants (en un seul mot), la corporation avait décidé de retarder les matches de 15 minutes (30 minutes pour les matches du samedi de L2, uniquement pour la forme). Bon alors de prime abord, ça fait mesure à 2 balles mais, comme le diraient Hervé Dumont et Jean-Claude Convenant, ça aurait bien fait chier la direction. Comprendre Canal + qui aligne 600 millions de biftons pour profiter du pestacle magnifique du championnat hexagonal. Heureusement qu'Arles est là pour augmenter la moyenne de buts. Sauf que Marc Batta et ses petits protégés n'avaient pas prévus le retour du boomerang. Et, si on veut manier l'euphémisme, c'est peu de dire qu'ils l'ont pris en plein dans la poire.

Personnages indispensables au football, les arbitres ne sont pas en odeurs de sainteté. Leurs actions sont décryptées, analysées et, immanquablement, ce sont eux les coupables. Encouragée par la plupart des media, la psychose anti-arbitre ne cesse de se propager et il ne passe pas une semaine sans qu'un entraîneur ou un président ne s'en prenne au corps arbitral. A force de toujours taper et taper, les arbitres se renferment, deviennent hautains et se coupent de l'environnement footballistique. Et le tableau est complet quand les anciens collègues déglinguent en direct aux heures de grande écoute. N'est-ce pas Monsieur Veyssière?

Toi qui fait partie du gang, de mes séducteurs passés, prends garde à ce boomerang il pourrait te faire payer toutes ces tortures de cinglés que tu m'as fait endurer.

Souhaitant mettre le monde du football face à ses responsabilités, le Direction Nationale de l'Arbitrage (DNA ne veut pas seulement dire Dernières Nouvelles d'Alsace!), les hommes au sifflet voulait attirer l'attention: caramba encore raté! La Ligue et la FFF n'en ont eu cure (de désintox') et ont convoqué des arbitres de... National pour les remplacer! Elle était pas prévue au programme celle-là hein! Le fond n'était pas encore touché puisque l'ensemble des clubs ont salué les performances de ces novices, proches des joueurs, détendus, souriants, ne sifflant pas toutes les 20 secondes. Ces arbitres ont pris du kif à arbitrer des L1 mais, faut être lucide, ils seront blacklistés par la DNA dans la suite de leur carrière, comme ce le fut en Espagne auparavant. Histoire d'être totalement ridicules, les arbitres pros ont été jusqu'à refuser de prêter les oreillettes pour communiquer avec les assistants, assistants qui complétaient des trios inédits. Ou comment tendre un piège parfait aux collègues.

Ma raison vacille et tangue, elle est prête à chavirer, sous les coups de boomerang, de flash-back enchaînés et si un jour je me flingue, c'est à toi que je le devrais.

Pourtant, le coup de gueule des arbitres étaient légitimes. Se faire insulter, souvent sans raison et uniquement pour masquer la faiblesse des équipes sur la pelouse, ça va un moment. Ce qui ne signifie pas que les référés français cassent la baraque. Mais, aux niveaux inférieurs, comment se faire respecter, surtout quand on est livré à soi-même un dimanche matin pour un obscur match de District? Comment créer des vocations? S'il n'y a plus d'arbitres sur les terrains, qui donc se fera traiter d'enculé et de fils de pute? Surtout, les critiques émanant des acteurs du foot ne sont généralement pas fondées et sont exagérés. La contestation est l'instrument favori des faibles et des perdants qui ne se remettent jamais en question on ne l'écrira jamais assez.

Au final, les arbitres voulaient davantage de respect, le football hexagonal ne leur a adressé que du mépris et du cynisme. C'est une bonne occasion pour la DNA de se regarder dans une glace, cesser avec les conflits internes stériles qui gangrènent l'arbitrage français depuis des années. Les arbitres, de même que le zélé conseil de l'éthique, méritent être protégés mais ils doivent impérativement retrouver une certaine proximité avec les joueurs et les entraîneurs. L'arbitrage français dans son ensemble est malade et il est obligatoire de trouver une solution pour retrouver la sérénité.

Sache que ce coeur exsangue pourrait un jour s'arrêter si, comme un boomerang, tu ne reviens pas me chercher, peu à peu je me déglingue, victime de ta cruauté.

*Gainsbourg is still alive...

Francesco della Nuejouls

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