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dimanche 4 juillet 2010

Celeste épisode VIII: ¡Qué Loco eres!

Washington Sebastian Abreu est le joueur le plus populaire d'Uruguay, davantage encore que Cachavacha Forlan. Surtout, Abreu a hérité d'un surnom pour le moins explicite: El Loco. Alors, quand il s'avança pour frapper le 5ème tir au but de ce quart de finale face au Ghana, il fallait s'attendre à un geste impromptu, hors du commun. Si seulement le staff ghanéen avait étudier la façon de frapper des Charruas, il aurait su que la spécialité d'El Loco était "el Picado", version latine de la Panenka. Fidèle à sa réputation, Abreu ne se dégonfla pas et, en héros du peuple uruguayen qu'il est, qualifia son pays d'une magistrale feuille morte pour la première demi-finale de la Celeste depuis 1970.

Pourtant, avant cet épilogue orgasmique pour l'Uruguay mais si cruel pour les Black Stars ghanéennes, ce quart de finale en apparence le moins alléchant fut une rencontre homérique, aux multiples rebondissements.
Le début de la partie fut Charrua mais la fébrilité l'emporta face à un bloc ghanéen toujours aussi bien organisé. Comme d'habitude, la Celeste défend à 7 et confie le boulot offensif à son trio Forlan/Cavani/Suarez. Néanmoins, ses attaques placées ne sont guère concluantes et l'Uruguay doit s'en remettre aux coups de pied arrêtés, tous frappés par Forlan ainsi qu'aux mauvaises relances ghanéennes (25ème et 26ème).
Le Ghana met une bonne demi-heure pour retrouver ses esprits. L'absence d'Andre Ayew, suspendu, se ressent au niveau de la créativité. Néanmoins, les occasions se font de plus en plus précises: Vorsah claque une tête juste au-dessus de la transversale de Muslera (30ème), Gyan frappe à côté de la cage sur un service de Boateng (31ème) et Muntari croise trop sa frappe(39ème).
Les Black Stars dominent, étouffent les Charruas et voient leurs intentions récompensées dans les arrêts de jeu par un cachou de Muntari de 30 mètres, bien aidé par la trajectoire Jabulaniesque.

La Celeste est contrainte en deuxième période de faire le jeu. Pas vraiment sa marque de fabrique... Cependant, les Charruas s'approchent sans trop de problèmes des bois de Kingson. A la 55ème minute, Fucile met dans le vent 2 Ghanéens sur un crochet mais est découpé par Pantsil. Cachavacha Forlan, bien que légèrement excentré côté gauche, parvient à tromper le portier ghanéen. Maudit Jabulani!

Les 2 équipes sont à la rupture. Les Black Stars se remettent plutôt vite et manquent d'assommer leurs adversaires mais Muslera sauve les siens (58ème). De son côté, Suarez mange la feuille de match, ne profitant de la sortie désastreuse de Kingson sur un centre de la Bruja Forlan. L'Uruguay manque le coche à deux nouvelles reprises par Suarez (70ème) et Maxi Pereira (82ème).

C'est donc l'heure de la trop-longue-ation. Les 2 formations sont aux gariguettes, les gestes sont imprécis, l'Uruguay attend la séance des tirs au but. Sur l'ultime coup franc, les Black Stars sèment la pagaille dans la surface Charrua, Suarez sauve la patrie à 2 reprises, une fois du pied mais la seconde... des mains! Diptyque penalty/carton rouge de rigueur.
Gyan s'avance pour envoyer le Ghana en demi-finale, la 1ère pour un pays africain mais sa frappe s'écrase sur la transversale de Muslera. La chance a tourné. Alea jacta est...

Pour débuter la séance fatidique des tirs au but, la place est faite aux tauliers. Forlan ne tremble pas, de même que Gyan auteur d'une lucarne remarquable. Victorino et Appiah maintiennent l'égalité. Scotti, remplaçant de Diego Lugano blessé en début de match, assure à son tour. En revanche, John Mensah ne comprend rien à l'énergie cinétique, ne prend que 2 pas d'élan et envoie une frappe toute moisie sur Nando Muslera. Maxi Pereira a l'occasion de plier l'affaire mais tue une tortue volante. Adiyiah peut remettre les 2 équipes à égalité mais Muslera, d'une main gauche ferme, détourne la tentative.
La suite, on la connaît. El Loco Abreu réalise sa spéciale et envoie son équipe dans le dernier carré. Effaré par tant de sang-froid, le capitaine Forlan se jette sur son coéquipier, lui criant: "¡Ay, "Loco"! ¡Qué bárbaro"! ¡Ay, qué loco eres!".

El Maestro Tabarez l'avait annoncé, les Charruas viseraient les demi-finales. Son objectif a été atteint, l'Uruguay se retrouve à la table des grands, ultime représentant de l'Amérique du Sud pourtant arrivée en force en huitièmes.
Le coup franc direct de Cachavacha Forlan, la main héroïque de Suarez, el Picado d'Abreu, ce quart de finale restera comme l'un des plus beaux matches de ce Mondial.
Avec un tel scénario, la Celeste croit plus que jamais qu'elle a eu la chance du champion. Face aux Oranje néerlandais, même privé de Suarez, les Charruas ne doutent pas de leurs qualités et de leur niveau de jeu. La fête ne fait que commencer dans les rues de Montevideo.

Kiko Platense

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