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vendredi 14 janvier 2011

La Victoire de l'Espérance de Tunis

Après 23 ans sur le banc de la Tunisie, Zine el-Abidine Ben Ali a été démis de ses fonctions aux alentours de 18h30 cet après-midi pour manque de bons résultats. Cela faisait plus d'un mois que ses joueurs avaient clairement fait savoir leur mécontentement et souhaitaient du changement dans l'organigramme tunisien.

En attendant un éventuel successeur, c'est son fidèle adjoint Mohamed Ghannouchi, 69 ans, qui assure l'intérim et qui a déjà dirigé l'entraînement du soir. Dès sa nomination à la tête de l'équipe, il a immédiatement tenu à rassurer le pays lors d'une conférence de presse exceptionnelle télévisée qui a déjà fait le tour du Monde. Afin que le pays se recentre sur ses objectifs, il a décrété une mise au vert dès ce soir ainsi qu'un silenzio stampa avec effet immédiat. Selon toute vraisemblance, Ghannouchi devrait être entouré de Fouad Mebazaa et de Abdallah Kallal.
L'annonce du départ de Ben Ali a ravi les supporters tunisiens et la liesse s'est emparée de Tunis, Sousse ou encore Djerba.

Arrivé à la tête de la Tunisie le 7 novembre 1987, Ben Ali avait succédé au légendaire Habib Bourguiba qui avait écrit une des plus belles pages de l'Histoire tunisienne en disposant de la France le 20 mars 1956. Des raisons médicales furent invoquées mais selon des sources "off the record", il semble fortement que Ben Ali ait forcé le passage pour récupérer l'équipe première.

Un temps pressenti pour rallier Malte et y signer un contrat avec La Valette FC, il semblerait que l'ancien dirigeant soit sur le point d'atterrir à Paris où l'Elysée Sporting Club aurait donné son accord pour qu'il s'entraîne avec la CFA. En cette période de mercato, Ben Ali espère trouver un poste à la hauteur de sa réputation. Néanmoins, sa réputation le précède, à tel point que même le Red Star ne semble pas intéressé. Malgré tout, cela n'a pas empêché un site internet spécialisé de titrer: "Ben Ali sur les traces de Selim Benachour".

Très impliquée également dans la vie tunisienne, Leïla Trabelsi, épouse de Ben Ali, ne connaît pas ce problème puisqu'elle vient de s'engager avec Dubaï pour un contrat juteux de plusieurs millions de dollars. Exécrée par les supporters, Trabelsi a été accusée de corruption, perception de pots-de vin (sic), d'abus de pouvoir et de trafic d'influence à de nombreuses reprises sans jamais avoir été traduite en justice. Cette démission a ravi les supporters, peut-être même davantage que celle de Ben Ali.

Après 23 ans sous le même maillot, il paraît désormais difficile pour Ben Ali de se dépêtrer de son costume d'éternel dirigeant tunisien. Ingénieur et policier formé au Néo-Destour, il a parfait son éducation technique en France (Saint-Cyr AC notamment) puis aux Etats-Unis (US Maryland et SSC Texas). Réputé pour sa tactique qui rappelait fort les grandes heures du Catennaccio, Ben Ali a toujours su s'entourer de grands défenseurs qui savaient réprimer les attaques d'opposants et de buteurs expérimentés qui rataient rarement leur cible.

Dirigeant omnipotent, n'hésitant jamais à tyranniser ses joueurs, Ben Ali n'a cette fois-ci pas survécu à la pression populaire et ce en dépit du soutien permanent de la France qui s'était proposée pour restaurer l'autorité au sein de l'équipe. Soucieuse de sa réputation, la France a cependant refusé de l'accueillir selon nos dernières informations. Il serait sur le point de s'engager avec un pays du Golfe persique à l'heure où nous écrivons.

C'est tout un pan de l'Histoire tunisienne qui a tiré sa révérence aujourd'hui. A 74 ans, Ben Ali a succombé à la "Révolution du Jasmin" et laisse derrière lui un pays usé par des pratiques liberticides qui frustraient son effectif et qui l'empêchaient de donner sa pleine mesure sur le terrain. La fronde tunisienne l'a emporté. L'Espérance de Tunis a gagné!

Cesc Romero

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