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vendredi 3 décembre 2010

Zidane, pour quelques dollars de plus

C'est une icône du football mondial, un des joueurs qui a le plus marqué l'Histoire du jeu au même titre que Pelé, Maradona, Best, Platini et Cruyff. Zinedine Zidane a tout gagné en tant que footballeur et a parfaitement su faire fructifier sa notoriété mondiale au niveau financier. Depuis sa retraite en 2006, l'aura du glorieux numéro 10 n'a pas diminué bien au contraire. Ainsi, il a grandement participé à l'élection du Qatar pour la Coupe du Monde 2022, contre une rémunération de 12 millions de dollars. Alors qu'il aurait pu (dû) appuyer la candidature commune du Portugal et de l'Espagne, son pays d'adoption, Zidane a cédé aux sirènes de l'argent plutôt qu'à l'appel du coeur. Une triste habitude. Petite leçon de gestion de portefeuille à la Zizou.

1) Pas de politique

Zidane a géré son patrimoine financier comme il jouait: avec intelligence et toujours bien placé. Tout d'abord, il n'a jamais versé dans l'analyse politique à la manière d'un Thuram qui devient vite énervant quand il se prend pour Malcolm X (copyright: Patrice Evra Inc.). A peine s'est-il aventuré peu après un soir d'avril 2002 à déclarer "le racisme, le Front National, c'est mal, pardon". Jamais davantage. Zizou est plus malin que ça, il rassemble et ne segmente pas l'opinion. Personne ne déteste Zidane car il ne crée pas de clivage. Idéal pour une entreprise qui souhaite profiter au maximum de sa cote de popularité.

2) Choisir des produits populaires...

Rappelez-vous: Planète Terre, été 98. Le seul qui n'est pas vu le Mondial, c'était un cosmonaute
Les cinéphiles auront reconnu le début du légendaire film "Les Collègues". Deux coups de casques face au Brésil ont suffi pour que le double Z devienne le fameux (fumeux) symbole de la France Black-Blanc-Beur. Et voilà que Zidane devient la personne préférée des Français et débute dans la pub. Pas n'importe laquelle: Leader Price. Raisonnement parfait du Maestro: Leader Price, c'est Franprix en cheap, ça fait mec qui se souvient d'où il vient et qui n'a pas oublié. Ce coup-là, le numéro 10 l'a réédité avec, par exemple, Grand Optical, une marque de lunettes peu chères.
Mais son plus gros coup, c'est sans nul doute avec Danone qu'il l'a réalisé. Ancien sponsor de la Juventus, Danone a donné les clefs d'une campagne de pubs pour la nutrition des enfants. Des pubs avec des minots, des ballons partout et un message imparable: si les petits enfants peuvent manger à leur faim c'est bien. De quoi raffermir son image de papa parfait, soucieux de l'éducation des enfants. Peu étonnant dès lors qu'il fasse parti des proches de Franck Riboud, patron de la marque.
Enfin, il a prêté (façon de parler) son image pour Volvic, la flotte qu'on boit après avoir mis la chaussure gauche toujours puis la chaussure droite toujours. Là aussi, ZZ ne s'est pas planté: ce n'est pas du Coca (beurk, trop de sucres) ni de l'alcool, ni même Mc Do. Zidane est un gentil garçon qui ne fait pas d'écart. Sans saveur comme de l'eau en somme.

3) ... mais aussi des produits de luxe.

Profitant parfaitement de sa personnalité oecuménique, Zidane est également parvenu à investir des sphères où, pourtant, le football passe pour un sport d'arriérés appréciés d'illettrés: le luxe et la finance.
Tout d'abord, il a été au centre d'une campagne de Dior avec un superbe cliché noir et blanc. Faut dire qu'il est gosse beau aussi! Bon Dior, c'est pas H&M ou la Halles aux Chaussures hein! C'était la toute première fois qu'un sportif devenait l'emblème d'une telle marque. Avant, les footeux restaient cantonnés à Fruité c'est plus musclé ou aux sapes de sports. Il y a peu, il participa à une campagne de publicité d'avant-Coupe du Monde aux côtés de Pelé et Maradona pour Louis Vuitton.
Par la suite, il devint la figure de proue de Générali, marque d'assurance. Un footballeur incitant les épargnants? Fallait oser. Quelques années auparavant, peut-être aurait-il choisi la Caisse d'Epargne...

4) Le choix du Qatar, une erreur stratégique.

Les 3 paragraphes précédents n'ont absolument pas pour but de dénigrer le "business Zidane", bien au contraire. Une marque le veut, il négocie et il signe. Il aurait bien tort de se priver.
Mais, entre tout l'argent gagné grâce à ses performances sur le pré, tous ces contrats publicitaires signés depuis 12 ans, sans oublier les rendements de ses placements financiers qui doivent être, on le devine aisément, fructueux, une question demeure: pourquoi diable Zidane a-t-il appuyé la candidature du Qatar pour la Coupe du Monde 2022?
En effet, le Qatar ne jouit pas d'une très bonne réputation en ce qui concerne le football. Entre des périodes de transferts décidés n'importe comment, des matches achetés, un titre de champion national décidé par les émirs et une flopée de joueurs venus en pré-retraite davantage pour les greens de golf que pour la qualité du jeu, le Qatar ne peut se targuer d'une quelconque tradition footballistique comme en atteste le peu de monde présent en tribunes lors des matches.
Oui, mais Zidane a été convaincu par un argument massue, le meilleur: 1 million d'euro pour appuyer la candidature et un bonus de 11 millions d'euro en cas de victoire. A ce prix, facile de se convertir.
Mais, en cédant aux sirènes de l'argent, Zidane s'est trahi lui-même. Pourquoi n'a-t-il pas soutenu la candidature commune de l'Espagne et du Portugal alors qu'il habite Madrid depuis plus de 10 ans et que son fils envisage de jouer pour la Roja en U15?

Alors qu'il avait toujours su choisir ses contrats dans la bonne direction, ZZ a commis une première erreur qui ternit largement sa popularité. Son image de saint public est désormais écornée et, à moins qu'il ne trouve une pirouette, comme le versement de cet argent à une association comme ELA qu'il parraine, Zidane s'est discrédité auprès du grand public en passant pour un homme cupide avide d'argent alors qu'il n'en a absolument pas besoin. Alors qu'il avait toujours su choisir ses contrats dans la bonne direction, ZZ a commis une première erreur qui ternit largement sa popularité. Pour quelques dollars de plus, pour quelques dollars de trop.

Francesco della Nuejouls

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