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lundi 13 décembre 2010

Supporter l'AC Arles rend-il paranoïaque?

Complot de l'arbitrage français, complot de la Ligue de Football Professionnel, complot de Canal+ et d'Orange, complot du Canal Football Club, de Pierre Ménès et de Christophe Dugarry. Depuis le début de saison, les Arlésiens ont le sentiment d'avoir la France du Football toute entière contre eux. Entre véritables corrections et matches joués avec les tripes, l'exaspération ne cesse d'augmenter chez les Acéistes. A tel point que l'on peut se demander si c'est de la pure paranoïa ou si la thèse de l'engàmbi mondial est fondé. Par un Arlaten pur sucre sur fond de "Me against the World" de Sa Sainteté 2Pac.

Promu en Ligue 1 pour la première fois de son histoire, l'AC Arles appartient à la catégorie pléthorique des "petits", des clubs désargentés face aux mastodontes qui se fritent pour accéder aux places européennes. Et dans cette catégorie, Arles est au 2ème sous-sol, équipe au plus faible budget du championnat. Alors, forcément, lors d'un affrontement entre le pot de terre et le pot de fer, c'est rarement l'atelier poterie qui l'emporte.

Face à Lille, les Acéistes n'ont franchement pas eu beaucoup de chance (écrire chance c'est rester poli) entre une exclusion litigieuse de Jamel Aït Ben Idir et un but assassin à la dernière seconde. D'autant plus que cela s'ajoute à la frustration du match face aux Girondins de Bordeaux durant lequel l'expulsion de Fabien Laurenti avait constitué le tournant du match.
L'énervement arlésien est compréhensible, surtout face à Lille. En effet, durant toute la partie, les Dogues ont souvent laissé traîner les semelles sur les tibias et sont, malgré tout, resté à 11. Pourtant, seul Rami et Debuchy furent avertis, véritable miracle tant Béria, Balmont et Chedjou furent brutaux.
Néanmoins, faut-il voir une manoeuvre des arbitres pour descendre l'ACA? Sérieusement, ce serait franchement exagéré. En effet, depuis le début de saison, c'est sur l'AC Arles qui se descend tout seul, sans l'aide des arbitres. Les matches face au PSG, Auxerre ou encore Valenciennes sont des exemples parfaits du début d'année pathétique des Lions. La faillite collective des Jaune et Bleu n'est en rien dû à la façon d'arbitrer mais davantage au niveau de jeu développé malgré des progrès ces derniers temps.
De plus, une supposée erreur d'arbitrage face au dernier et ben tout le monde s'en fout. Normal, t'es dernier, t'es pas l'OM!

Autres cibles préférentielles des supporters arlésiens: la Ligue de Football Professionnel et sa figure tutélaire Frédéric Moustache Thiriez. Le grief est que le "petit" fait tâche dans le paysage, que l'ACA doit absolument redescendre à l'étage inférieur car il n'est pas bankable. Ce dénigrement se ferait via la presse footballistique de masse, autrement dit le Canal Football Club. Même si les intervenants sont souvent caustiques à l'égard des Acéistes, souvent par manque de connaissances sur le sujet, il faut également avouer que le club a mis du sien pour paraître ridicule et antipathique. Sinon, il ne faut pas ajouter de la paranoïa à la paranoïa: il y a toujours eu et il y aura toujours des petits clubs en Ligue 1. Peu s'en sortent, surtout quand le club n'a jamais connu les joies de la première division.

Avant d'en vouloir au monde entier, il faut rester lucide: la première partie de saison d'Arles est une véritable catastrophe, un condensé de ce qu'il ne faut pas faire si l'on veut survivre dans un milieu hostile et inconnu. Le changement de présidents et la politique de recrutement aberrante de cet été ont contribué à fragiliser durablement l'équilibre de l'équipe. Visiblement, les plaies ne sont pas cicatrisées comme en atteste la claque que M.Salerno aurait adressé à M.Conrad cette semaine.
Par ailleurs, le jeu acéiste a mis énormément de temps à se mettre en place. Entre le licenciement rocambolesque de Coach Estevan, l'arrivée de Faruk Hadzibegic et la faillite des joueurs arrivés censés apporter de l'expérience à l'effectif (Basinas, Charisteas, Erbate, Pavon), les raisons de l'échec du début de saison sont d'abord à chercher au sein du club avant de trouver des boucs émissaires qui ont toujours bon dos quand il s'agit d'inventer un alibi.

Les supporters de l'ACA ne sont pas les seuls à voir des complots partout. D'ailleurs, même pas la peine d'être arlésien pour se sentir mal aimé et se sentir lésé. En effet, si l'on devait compter chaque fois où un dirigeant lyonnais ou marseillais se plaint, il faudrait tenir un registre. D'une manière globale, en vouloir au monde entier est le luxe des perdants. Se complaire dans le misérabilisme n'est pas une solution car cela empêche de se remettre profondément en question. Ce sont aux joueurs et aux entraîneurs de trouver en eux la ferveur nécessaire pour continuer à y croire et à gommer toutes les imperfections de ce début de saison. Les supporters pousseront quoi qu'il arrive pour aider le club à se sauver mais nourrir la thèse du complot n'aidera personne car cela empêche d'affronter ses propres responsabilités.

Si penser que le monde entier en veut à l'AC Arles peut s'avérer bénéfique pour l'équipe, il serait inapproprié de croire à une quelconque rancoeur de la part du corps arbitral et des media. Tous les clubs se sentent volés, pas arbitrés de la même manière que son adversaire, adversaire généralement victorieux. Il faut cesser cette paranoïa et se regarder en face. Et arrêter de croire que c'est toujours l'autre qui est la cause de ses problèmes.

François Miguel Boudet

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