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mercredi 12 octobre 2011

Tout change rien en change

Au moins, l'essentiel est assuré. L'Equipe de France de Lolo verra bien la PolUkraine après avoir arraché un modeste match nul contre la Bosnie de Susic. Totalement dominée en première mi-temps par Dzeko and co., les Bleus ont réagi par la suite sans que cela atteigne des sommets. Et, sans une faute absurde de Spahic, les Français brûleraient des cierges pour ne pas tomber sur un adversaire facile et éviter le Portugal. Cependant, en dépit de cette qualification obtenue dans la douleur, qu'en est-il du niveau de cette équipe qui devait faire oublier le marasme sud-africain?

Après le célèbre épisode du bus, ce magnifique moment de cohésion collective filmé en Mondovision, le monde du foot s'était jeté à bras raccourcis sur Coach Ray, responsable numéro un de l'élimination au premier tour et du niveau de jeu affligeant proposé depuis la retraite du double Z. Alors, promis, avec Laurent Blanc, tout allait changer. Finie la République des joueurs, immatures, ersatz de caïds de banlieues qui vivent dans un clip de Hip-Hop West Coast. Finis les schémas de jeu ultra-frileux que prônait Ray. Avec Laurent Blanc à sa tête, l'EdF deviendrait l'égale de l'Espagne et de l'Allemagne grâce au toque, concept à la mode depuis l'avènement du Barça, devenu Point Godwin sauce football. Car à notre époque, pour rassurer le bon peuple abreuvé de résumés youtube et de jeux vidéos, le seul mot Barça suffit pour calmer toutes les protestations. Ainsi, l'immaculé Laurent Blanc, l'homme qui n'a aucune casserole dans le milieu et qui amena Bordeaux sur la plus haute marche en 2009, serait le Sauveur. Et pas Sauveur Giordano hein! On allait voir ce qu'on allait voir!

Un an et demi plus tard, si l'EdF est qualifiée, il faut tout de même se rendre à l'évidence: les Bleus sont toujours aussi mauvais. Dans un groupe plus que facile, les Français ont été pliés à domicile par le Bélarus, ont souffert contre l'Albanie à Tirana, la Roumanie à Bucarest et sont passés à deux doigts de la correctionnelle contre la Bosnie dans cette "finale" disputée dans le Stade des Footix.
Ainsi, hormis le match remporté à Sarajevo face à une équipe bosnienne pouvant alterner le très bon comme hier soir avec le franchement nul (défaite 3-0 contre la Roumanie par exemple), les Bleus n'ont jamais été en mesure d'élever leur niveau de jeu. Souvent, la même rengaine faisait florès lors des conférences de presse d'après-match: la pelouse vous dis-je, la pelouse! C'est bien simple, partout où elle joue, l'EdF est victime de ce maudis terrain. Même quand elle joue à domicile, la pelouse vous dis-je, la pelouse!
Et, pour couronner le tout, à la place du toque, nous avons assisté au retour des toqués, Evra et Ribéry en tête. Tout devait changer, tout devait changer...

Par conséquent l'EdF, qui devait retrouver une allure convenable, oublier la rébellion de Knynsa et le lancer de chronomètre de Bob Duverne s'est elle-même remise dans le bourbier, rappelant ceux que les Français avaient exécré quelques mois auparavant. Evidemment, les problèmes d'egos ont rejailli. Ribéry qui veut jouer à gauche, Evra persuadé qu'il est difficile "de remplacer Evra" en tant que capitaine, Malouda qui est toujours le dindon de la farce alors qu'il a au moins le mérite de faire profil bas et d'évoluer là où on lui dit: c'était Retour vers le Futur sans De Lorean au sein de cette équipe qui a une estime de soi inversement proportionnelle à son palmarès. Au milieu de la mêlée, Blanc n'a pas été épargné, accusé de sélectionner majoritairement des joueurs estampillés Bernès, vous savez, cet homme vertueux qui a participé activement à l'affaire VA/OM et qui peut encore être un acteur principal du football hexagonal. Au final, le constat s'impose: c'est toujours autant le oaï et les résultats ne sont guère plus réjouissants que du temps de Domenech.

Car si Domenech a largement sa part dans l'échec des Bleus, les performances faiblardes de la sélection made in Blanc attestent clairement que le sélectionneur aux sourcils à la Emmanuel Chain n'était pas totalement incompétent et que son successeur n'était peut-être pas aussi bon qu'annoncé, pour ne pas dire qu'il a été fortement surcoté après la conquête du titre d'un Bordeaux emmené par des joueurs qui marchaient sur l'eau et qui ont vite lâché la rampe, jusqu'à faire exploser le club au scapulaire et aboutir au champ de ruines qu'essaie de sauver Francis Gillot. Mais, à les écouter, les joueurs sont toujours aussi sûrs d'eux, convaincus dans leur potentiel. Sauf que la première phase de l'Euro est d'un tout autre niveau que cette modeste poule de qualif' ou même que celle d'un Mondial et que la France ne sera pas tête de série. Alors, il faudra à nouveau espérer tomber dans un des groupes des pays organisateurs (bien que cette possibilité ne soit pas une garantie, remember Bafana-Bafana) et ne pas se coltiner un "gros" d'emblée. Les fabriques de cierges, grigris et autres attrapent-rêves risquent d'avoir du boulot.

Alors que des sélections comme l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas voire l'Italie semblent s'améliorer au fil de leurs sorties, l'EdF ne paraît toujours pas avoir commencé sa mutation. Laurent Blanc a bénéficié d'un état de grâce qui se poursuit encore mais qui a longtemps masqué le niveau réel de son équipe, sans grands talents. Néanmoins, on peine à voir l'empreinte de l'ancien taulier de la défense des Bleus et les inquiétudes concernant le jeu ne sont pas sans rappeler celles d'avant le Mondial. Mais au lieu de reconstruire en profondeur, il s'est créé de nouveaux obstacles et on a la nette impression que l'histoire récente de l'EdF est un perpétuel recommencement.

Francesco della Nuejouls

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