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mardi 1 mars 2011

La Révolution italienne n'a pas eu lieu

Ce pouvait être un tremblement de terre à en faire pâlir la Nouvelle-Zélande. Ce pouvait être une date à marquer d'une pierre blanche dans l'Histoire de la Serie A. Finalement, ce fut un rendez-vous manqué. Arrivés pleins d'ambitions, les Napolitains ont été laminés par des Milanais qui, sans se fouler et avec une offrande de l'arbitre, ont quasiment ruiné tout espoir de Scudetto pour les hommes de Mazzarri. Ainsi, en l'espace de quelques jours, Naples a tout perdu, ses espoirs européens et son rêve de devancer les clubs du Nord. Désormais troisième au classement, les coéquipiers du Matador Cavani se remettront-ils de cette déception?

La dernière fois que le Napoli a goûté aux joies du Scudetto, c'était en 1990. A l'époque, l'ère Maradona est à son crépuscule. Encore plus qu'une ville, c'est tout le Sud de la Botte qui jubile. Eux, les pauvres, les paysans, moqués, toisés par les 'riches' du Nord, triomphaient. De 1984 à 1991, sous l'impulsion de l'Idole, les Azzurri ont joué les premiers rôles à la fois en championnat mais également sur la scène européenne avec une victoire en UEFA en 1989. Vingt et un ans plus tard, le héros local est toujours sud-américain mais vient d'Uruguay. Depuis le début de saison, Edison Cavani marche sur l'eau et entraîne ses compères avec lui. L'affrontement face au Milan au Stade San Siro devait symboliser le retour des Partenopei sur la plus haute marche de la Serie A. Il n'en a rien été. Bien au contraire.

Les plus pessimistes l'avaient annoncé: en plus de la suspension de 3 matches pour crachat la semaine dernière du Pocho Lavezzi, il y avait fort à parier que l'arbitrage de l'homme en noir pencherait en faveur des Rossoneri. Force est de constater que la polémique n'est pas près de s'éteindre du côté du Vésuve, car le penalty sifflé en début de 2ème mi-temps a surpris tout le monde, y compris les Milanais eux-mêmes qui réclamaient un corner. Dans l'absolu, l'arbitre n'a pas commis d'erreur puisque Aronica a bien touché le ballon du coude mais la sanction peut paraître fort sévère. Il n'en fallait pas plus à Zlatan pour donner un avantage déjà définitif à son équipe. La fin du match fut une promenade de santé pour des Milanais plus réalistes, emmenés par un Pato remarquable après le retour des vestiaires, auteur d'une passe déc' et d'un amour de frappe enroulée pour parachever le succès des Casciavit. 3-0, merci d'être venu et à la prochaine.

On attendait beaucoup quant à la qualité du jeu produit par les deux équipes. La première mi-temps a été tellement décevante qu'on a failli zapper sur Le Havre/Tours! Certes, la pluie n'arrangeait pas les choses mais la nervosité ambiante a nuit au spectacle. Au terme des 45 minutes, rien à se mettre sous la ratiche. Pato tentait mais loupait et s'énervait, Robinho se prenait pour Romario en se signant à chaque fois qu'il mangeait une occasion (et il y en eut un sacré paquet) tandis que Cavani ne touchait pas une bille. Zlatan et Hamsik ne firent guère mieux au demeurant.
La deuxième mi-temps partit sous un tout autre rythme mais le penalty mit fin d'emblée à tout suspense. Ceux qui espéraient une réaction d'orgueil des Napolitains perdirent leur temps. Mazzarri eut beau tomber la veste, crier, gesticuler, ses joueurs semblaient sans jus, incapables de bouger le bloc collectif bâti par Allegri. Pato retrouvait ses cannes pour offrir un centre au cordeau parfait pour Boateng avant de finir himself le boulot d'une frappe superbe. Malgré tous les tifosi azzurri, Naples repartait une main devant, une main derrière, vaincu par l'expérience milanaise. Une bonne leçon pour l'avenir.

Si Naples est capable de coups d'éclats, comme ce fut le cas au Stadio Olimpico où la Roma fut ridiculisée par l'organisation et l'agressivité des hommes de Mazzarri, les Azzurri peuvent aussi passer complètement en traviole de matches a priori à leur portée. La défaite (2-0) face au Chievo en a donné une idée précise: au moment de profiter des coups d'arrêts milanais, Naples n'a su sourire à Dame Fortune et saisir la chance qui lui était offerte. Ce manque de lucidité sur certaines parties est l'apanage des équipes jeunes qui peuvent être fulgurants une semaine et amorphes la suivante. Des absences de clairvoyance particulièrement surprenantes quand on se remémore le nombre de matches qui basculèrent dans le "Mazzarri Time", frère siamois du "Fergie Time" mancunien. Où quand la jeunesse est un facteur à double tranchant...

De plus, le Napoli a un véritable problème de riche: la Cavani dépendance. Le Charrua a des stats de fou furieux avec une moyenne de quasiment un pion par match mais ses coéquipiers ont du mal à faire la diff' quand El Matador ne trouve pas les ficelles adverses. Malgré tout leur talent, Hamsik et Lavezzi ne sont plus aussi tranchants que la saison dernière et pâtissent aussi de la réussite insolente de leur numéro 7. Fort heureusement pour les Partenopei, Cavani ne se rate pas souvent devant la cage. Son match face à Milan, où il a été totalement sevré de ballons, demeure un accident de parcours.

L'équipe bâtie par le duo De Laurentiis/Mazzarri est une des plus talentueuses de la Botte mais elle est encore jeune et a besoin de temps pour mûrir et donner sa pleine mesure. Qualifiés pour l'Europa League en fin de saison dernière, les Napolitains sont aux portes de la Champion's. Contrairement à un Milan vieillissant et à un Inter qui a le 'casino' dans ses gènes, Naples est en pleine ascension et en progrès constants et son retour au premier plan se fait de plus en plus pressant.
La Révolution n'a pas eu lieu cette année mais, sans nul doute, ce n'est qu'une question de temps.

Francesco della Nuejouls

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